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Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

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délimités sont ceux qui bordent les territoires du roi d’Aragon, un allié d’Henri II et de<br />

Richard contre le comte de Toulouse. En revanche, la vallée de la Garonne en tant<br />

qu’espace de tension a fait l’objet d’un investissement défensif, qui permet de mieux<br />

déterminer les espaces d’appartenance, au delà des revendications. Il en va de même<br />

avec les frontières de l’espace capétien, où les enjeux de délimitation s’accentuent à<br />

mesure que les tensions entre les deux rois s’amplifient. Contrairement à la définition de<br />

la frontière comme front <strong>of</strong>fensif ou défensif, comme c’est le cas aux marges de<br />

l’Écosse et de l’Irlande et dans une moindre mesure de la Bretagne avant 1166, où la<br />

militarisation est créatrice de séparation, la définition de la frontière comme espace<br />

démilitarisé et comme interface neutralisée se met en place en Normandie et en Berry.<br />

Cette définition a pour conséquence d’appr<strong>of</strong>ondir l’espace défensif et de faire de la<br />

vallée de la Seine même, une région frontière. Les zones frontalières de l’empire des<br />

Plantagenêt sont donc non seulement hétérogènes mais également très mobiles. Des<br />

premières années du règne d’Henri II jusqu’à la fin du règne de Jean, pas une frontière<br />

n’a été sans évolution : toutes les limites de l’empire ont fait l’objet d’une intervention,<br />

que ce soit pour accompagner l’expansion du pouvoir ou pour en limiter le repli.<br />

En tant qu’espace d’interactions sociales et politiques nécessitant d’incessantes<br />

négociations, les frontières au XII e siècle constituent de véritables créations artificielles<br />

et les démarcations successives de la Normandie, dans la dernière décennie du XII e<br />

siècle, en traduisent parfaitement la dimension négociée. Dans tous ces espaces, le rôle<br />

des traités dans la négociation des limites et la définition de l’autorité royale sur le<br />

territoire a été central. Dès le milieu des années 1170 se développe l’usage plus<br />

systématique des textes normatifs dans la définition des espaces conquis. Ainsi, en<br />

1176, le traité de Windsor délimite le dominium du roi d’Angleterre en Irlande tandis<br />

qu’en 1185 à Najac, Richard et Béranger IV se répartissent l’espace d’intervention des<br />

puissances dans la région toulousaine. Si les traités contribuent à normaliser la frontière<br />

en tant que zone soumise à une juridiction particulière, parfois confiée à des arbitres, la<br />

définition des frontières s’opère concrètement par la distribution des châteaux entre les<br />

parties, l’ensemble des terres et des droits qui constituaient une seigneurie suivant<br />

généralement avec la forteresse. Même au tournant du XIII e siècle, alors que le conflit<br />

franco-normand dessine des démarcations territoriales de plus en plus linéaires, les<br />

pratiques et les représentations dominantes de l’espace frontalier fonctionnent toujours<br />

sur le modèle d’une organisation spatiale polarisée et réticulée, le château articulant à la<br />

fois l’espace du dominium (par son contrôle du territoire) et l’espace de l’imperium (par<br />

son insertion dans des réseaux de fidélités et d’appartenances globales). Moins qu’un<br />

espace homogène et compact, suivant un tracé uniforme et continu, la frontière au XII e<br />

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