Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

échappant à toute emprise humaine continue. La construction de ce château consistait
donc moins à contrôler un espace turbulent, qu’un espace flou et incertain, sans
domination réelle ; elle visait donc à renforcer le pouvoir territorial du duc dans un
espace jusque là négligé. En 1199, le vicomte de Châtellerault profite de l’annonce de la
mort de Richard pour s’emparer de la place, mais Jean le reprend rapidement et y laisse
une garnison jusqu’en 1203, date à laquelle le château est pris et détruit par Philippe
Auguste 340 . C’est dans ces mêmes années, ou dans les années 1190, que Marie-Pierre
Baudry propose de situer les fortifications de Richard à Château-Guillaume, une place
forte ducale, construire par Guillaume IX, situé entre dans la marche méridionale du
Poitou, entre le Berry et le Limousin 341 . Selon cette archéologue, l’étude de la mise en
œuvre et des formes défensives du château constitue la seule base de cette hypothèse en
l’absence de sources documentaires ou d’études archéologiques précises.
Dans les années 1180, Richard intervient également à l’autre bout du Poitou, en
Vendée, en faisant reconstruire le château de Talmont. Selon Pascale Gadé, Richard se
serait emparé du château des seigneurs de Mauléon à la suite d’une plainte de l’abbé de
Saint-Jean d’Orbestier, venu à la cour du comte à Poitiers en 1181 342 . L’année suivante,
Richard installa sa cour non loin de l’abbaye d’Orbestier, près d’un étang que les
moines avaient à Port-Juré : la toponymie a conservé le souvenir de la aula construite
par Richard dans le lieu-dit « la Salle-le-Roi » 343 . À cette occasion Richard délivre une
charte de confirmation aux moines de Saint-Jean dans laquelle il se dénomme dominus
de Thalmundo et parle de dominio meo de Thalemundo. À Noël 1183, Richard tient à
nouveau sa cour à Talmont, et chasse dans la forêt d’Orbestier. Ces éléments suggèrent
donc que Richard confisqua le château de Talmont au seigneur de Mauléon et qu’il le
conserva jusqu’en 1199, lorsque Aliénor le rendit à Raoul pour s’assurer de sa fidélité à
Jean 344 . Selon Marie-Pierre Baudry et Pascale Gadé, les travaux de fortification du
château datent de la seconde moitié du XII e siècle 345 . Ils concernent non seulement les
340 BAUDRY, M.-P., Les fortifications des Plantagenêts en Poitou : 1154-1242, 2001, p. 330, cite
RICHARD, A., Histoire des comtes de Poitou. Tome 4, [1086-1137], 2004, II, p.230-231.
341 BAUDRY, M.-P., Les fortifications des Plantagenêts en Poitou : 1154-1242, 2001, p. 305-306.
342 GADÉ, P., « Richard, seigneur du château de Talmont en Bas-Poitou », dans Richard coeur de Lion
roi d'Angleterre, duc de Normandie 1157-1199, 2004, p. 229-236 cite DE LA BOUTETIÈRE, L. (éd.),
Cartulaire de l'abbaye Saint-Jean d'Orbestier, 1877, p. 5 acte n° 3, 1181.
343 Ibid., p. 6-10 acte n°4, 1182 : in aula mea quam edificavit super stagnum monachorum de Portu
Jurato.
344 HAJDU, R., « Castles, Castellans and the structure of politics in Poitou 1152-1271 », J.M.H., 4:1
(1978), p. 27-53.
345 BAUDRY, M.-P., Les fortifications des Plantagenêts en Poitou : 1154-1242, 2001, p. 247-256 ;
GADÉ, P., Talmont, une forteresse de Richard Cœur de Lion, 1997; GADÉ, P., « Le château de Talmont
206