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En 1204, Jean confie la levée des revenus de la ferme du quinzième des
marchands (Quindena Mercatorum) à Guillaume de Wrotham, l’archidiacre de Taynton,
Réginald de Cornhill et Guillaume de Furnell. Cette ferme résulte de la levée d’une taxe
d’1/15 e sur les navires des marchands français dans les Cinque Ports 61 . Selon F. Brooks,
cette taxe existe sans doute avant 1204, mais à partir de cette date, elle est la
responsabilité spécifique de trois gardiens, dès lors investis de larges pouvoirs
d’interférence dans les affaires maritimes 62 . La fédération des Cinque Ports existait à
l’époque d’Edward le Confesseur et réunissait plusieurs ports autour des cinq
principaux : Sandwich, Douvres, Hythe, Romney et Hastings. Dans ces ports était exigé
un service naval 63 . Grâce à cette taxe, Jean fait notamment réparer les châteaux de
Southampton, Hastings et la Tour de Londres 64 .
Si les Plantagenêt ont mobilisé toutes ces sources de revenus pour financer les
constructions, c’est aussi parce que la taxation des communautés locales reste largement
insuffisante pour couvrir les coûts des chantiers. La levée de taxes spécifiques comme
les aides ou les tailles pour les constructions du roi sont pourtant courantes à cette
époque, mais les sommes levées restaient généralement assez limitées.
Les revenus engendrés par les chantiers eux-mêmes
L’ouverture d’un chantier de construction constitue très fréquemment un
moment propice pour organiser l’installation de communautés d’habitants attirés par les
activités économiques développées autour du château. En ce sens, les châteaux
médiévaux ont participé à la transformation du paysage social en polarisant l’espace et
en favorisant la fixation de nouvelles communautés 65 . La création ou l’élargissement de
ces communautés « castrales » s’accompagne de nouvelles sources de revenus (taille
fixée pour les franchises, droits banaux et droits fonciers) à partir desquelles le chantier
peut être financé. La création du bourg neuf de la Couture aux Andelys ou encore celui
61
Rot. Lit. Pat., p. 42.
62
BROOKS, F. W., « William de Wrotham and the office of keeper of the King's ports and galleys »,
E.H.R., 40: 160 (1925), p. 570-579.
63
RODGER, N. A. M., « The naval service of the Cinque Ports », E.H.R., 111: 442 (1996), p. 636-651 :
Douvres et Sandwich devaient fournir 20 bâteaux pendant 15 jours, avec une équipe de 21 marins ,
Fordwich, Romney et peut être aussi Hythe et Hasting devaient un servir à peu près similaire. voir aussi
HOOPER, N., « Some Observations on the Navy in late Anglo-Saxon England », dans Studies in
Medieval History presented to R. Allen Brown, 1989, p. 203-213; HOLLISTER, C. W., Anglo-Saxon
Military Institutions on the Eve of the Norman Conquest, 1962, p. 116-122.
64
PR 6 Jean, p. 219.
65
LIDDIARD, R., Landscapes of Lordship. Norman Castles and the Countryside in Medieval Norfolk,
1066-1200, 2000; CREIGHTON, O. H., Castles and Landscapes. Power, Community and Fortification in
Medieval England, 2002.
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