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Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

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Selon Robert de Torigni, c’est « à cause de certaines libertés qui leur avaient été<br />

enlevées par le roi » que les seigneurs aquitains se sont révoltés au cours de la<br />

période 412 . Plutôt que de lire cette opposition en terme d’empiètements, ne faut-il pas<br />

voir ici, comme le suggérait André Debord, l’expression d’une résistance à un<br />

changement des règles du jeu ? Alors que le régime du droit féodal en Aquitaine était un<br />

régime de convenientia et de clientèle, les Plantagenêt tentèrent d’y appliquer de<br />

nouvelles règles, comme le principe de reddibilité, le contrôle des successions et des<br />

mariages, qui structuraient le droit anglo-normand. S’il s’agit d’une résistance à la<br />

féodalisation des institutions, c’est bien au sens où cette « féodalisation équivaut à<br />

transformer la prééminence reconnue du prince en autorité effective et territoriale ». On<br />

a souvent dit qu’Henri II avait gouverné ses territoires en respectant les coutumes<br />

juridiques qui codifiaient le rapport des vassaux à leur duc ou à leur comte. En réalité,<br />

en analysant les outils mis en œuvre par les Plantagenêt pour affirmer leur puissance<br />

territoriale, c'est-à-dire pour contrôler les châteaux et les seigneuries de leurs vassaux, la<br />

question de l’application du principe de reddibilité et des sanctions qui l’accompagnent<br />

à l’ensemble des territoires de l’empire est ce qui apparaît le plus flagrant, y compris<br />

pour les seigneurs aquitains qui s’y sont pratiquement toujours opposés. De fait, jusqu’à<br />

la fin du XII e siècle, il n’y a guère que dans le monde anglo-normand que la définition<br />

des rapports de féodalité entre un seigneur et ses vassaux n’est juridiquement aussi<br />

précisément défini. Ailleurs, comme le faisait remarquer Susan Reynolds, dans Fiefs<br />

and Vassals, la production de ce que l’on peut appeler les relations féodo-vassaliques,<br />

qui restèrent longtemps indéterminées, résultait essentiellement du développement du<br />

droit et de la bureaucratie dans les pratiques de gouvernement 413 . La principale<br />

difficulté provenait donc du désaccord sur ce que les Plantagenêt et l’aristocratie<br />

d’Aquitaine entendaient par principes castella tenentes 414 . Contrairement aux coutumes<br />

du nord ouest de l’Europe, où l’hommage impliquait nécessairement des devoirs et<br />

notamment le service militaire, en Gascogne, Frédéric Boutoulle a montré que jusque<br />

dans la seconde moitié du XII e siècle, le rapport entre le duc et les principes castella<br />

tenentes était surtout formalisé par des serments de fidélités et des conventiae 415 . En<br />

412 Voir la discussion de André Debord sur le point de vue de Jacques Boussard : DEBORD, A., La<br />

société laïque dans les pays de la Charente : Xe-XIIe siècles, 1984, p. 379-80.<br />

413 REYNOLDS, S., Fiefs and Vassals. The Medieval Evidence Reinterpreted, 1994, p. 320.<br />

414 BOUTOULLE, F., Le duc et la société : pouvoirs et groupes sociaux dans la Gascogne bordelaise au<br />

XIIe siècle, 2007, p. 111-113, 217-222 ; HIGOUNET, C., « En Bordelaise: 'Principes castella tenentes' »,<br />

dans La Noblesse au Moyen Âge, XIe-XVe siècle: essais à la mémoire de Robert Boutruche, 1976, p. 102<br />

415 BOUTOULLE, F., Le duc et la société : pouvoirs et groupes sociaux dans la Gascogne bordelaise au<br />

XIIe siècle, 2007, p. 222-228.<br />

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