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qui désignait une ville enceinte et le castrum, contrairement à ce qu’on rencontre dans
d’autres textes contemporains 189 .
Les occurrences enregistrées dans les pipe rolls entre 1157 et 1215 font
apparaître une tendance assez nette, permettant d’interpréter l’usage préférentiel du
terme castrum – qui n’indique pas d’autres sites que ceux également désignés par le
terme castellum – pour souligner le caractère spécifiquement militaire des
constructions 190 . Les principales occurrences de castrum augmentent en effet
significativement lors des périodes d’affrontements c'est-à-dire au moment où les
travaux de type défensif sont les plus intenses : entre 1174-1176, tout d’abord, lors de la
reprise en main par Henri II de ses territoires après la révolte des barons ; en 1189,
ensuite, lors de l’avènement de Richard Cœur-de-Lion et juste avant son départ pour la
Terre Sainte ; puis de manière de plus en plus systématique, dans les dernières années
du règne de Jean, lorsque celui-ci doit faire face à une agitation grandissante au sein de
son aristocratie. En outre, plusieurs mentions confirment l’idée que le castrum désigne
bien l’ensemble de la forteresse enserrant la tour principale (donjon) et des différents
bâtiments qui l’entourent : in operatione muri castri circa castellum de Dovra 191 .
Une seconde observation du graphique 5.11 permet de relever la part croissante,
au cours de la période, des mentions de domus in castello tandis que la proportion des
mentions de domus et de castellum reste relativement identique. Cette augmentation
peut-elle être interprétée en terme de domestication de l’architecture castrale ? Les
travaux de Jean Mesqui ont en effet contribué à forger le modèle des « salles-tours » où
le donjon constitue à la fin du XII e siècle, un espace hybride, alliant des besoins de
symbolisme à des besoins résidentiels 192 . Peut-on pour autant interpréter l’augmentation
des occurrences de domus in castello au cours du règne de Richard comme le moment
où se mettrait en place l’aménagement d’espaces résidentiels dans des château déjà
existants en Angleterre ? Une première réponse peut être apportée en comparant
l’évolution des occurrences aux dépenses affectées aux constructions (graphique 5.12) :
on s’aperçoit alors que la tendance sémantique n’a pas vraiment de réalité financière
189
DEBORD, A., « Castrum et castellum chez Ademar de Chabannes », Archéologie médiévale, 9 (1979),
p. 97-113.
190
Par exemple ; PR 29 H.II, p. 155 (1183) : £129 in operatione castelli de Dovra per visum Robertus
filius Bernardi Philippi de Pesingis Walteri de Estria et Godefridi filii Anfride ; et PR 20 H.II, p. 6 : £22
16s. 1d. in operatione eiusdem castri dum Roberti filii Bernardi habuit custodia…
191
PR 26 H.II, p. 143: £165 13s. 4d. in operatione muri castri circa castellum de Dovra per visum
Robertus filius Bernardi Philippi de Psisingis Godwini filii Amfridi-Walteri de Esteria.
192
RENOUX, A., « Espaces et lieux de pouvoirs royaux et princiers en France (fin XIe-début XIIIe
siècle): changement et continuité », dans Palais royaux et princiers au Moyen Âge, 1996, p. 17-42.
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