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siècle 15 . Ces obligations ne pouvaient en effet entrer dans les clauses d’immunité faites
aux Églises dans la mesure où elles reposaient collectivement sur le sol et non sur les
personnes. Aux IX e siècles, les chartes d’immunité émises par les rois anglo-saxons
continuaient d’exclure des clauses d’exemption les trois principales obligations (la
trimoda necessitas) à savoir, le service militaire, la construction des forteresses et la
construction des ponts 16 . Sur le continent, la Gesta consulum relatant la vie de Foulque
Nerra (987-1040), avec un vocabulaire très inspiré de la culture antique, témoigne de la
persistance de publica negocia et notamment du bidamnum, désignant l’obligation faite
à tous les tenanciers libres ou non libres de réparer les fortifications 17 . Au cours du XI e
siècle, ces obligations tendent cependant à se confondre avec les corvées dues au comte.
Au XII e siècle, les « charges communes » (ou common burden) apparaissent
dans les codes de loi anglo-normands, comme le montrent les Leges Henrici Primi, mais
le sens de ces obligations s’est modifié : celles-ci ne sont plus désormais relatives à un
droit du sol mais reposent sur la communauté solidaire des habitants, qui en étaient
responsables collectivement 18 . Selon Alan Cooper, la féodalité a ainsi contribué à
« privatiser » ou plus exactement à « personnaliser » ces obligations qui étaient
autrefois considérées comme ressortant du domaine public. Détachées de leur nature
« territoriale », ces obligations deviennent rapidement un instrument de domination
seigneuriale. Le processus de personnalisation a surtout concerné l’empire carolingien
et les royaumes qui en sont issus : dès le IX e siècle, les exemptions de ces charges
communes deviennent de plus en plus fréquentes dans les chartes royales. Au contraire,
en Angleterre, le développement de l’autorité royale west-saxonne, forgée dans la
nécessité d’organiser la défense du territoire face aux invasions vikings, contribue à
réaffirmer la nécessité de ces « charges communes » et notamment la construction – et
15 COOPER, A. R., Bridges, Law and Power in Medieval England, 700-1400, 2006.
16 BROOKS, N., « The development of military obligations in eighth- and ninth-century England », dans
England before the Conquest: studies in primary sources presented to Dorothy Whitelock, 1971, p. 69-84;
STEVENSON, W. H., « Trinoda necessitas - Three-knotted necessity », E.H.R., 29, p. 689-703; JOHN,
E., « The imposition of the common burdens on the lands of the English church », Bulletin of the Institute
of Historical Research, 31 (1958), p. 117-129.
17 BACHRACH, B. S., « Neo-roman versus feudal ; the heuristic value of a construct for the reign of Fulk
Nerra, count of the Angevins (987-1040) », dans State-building in medieval France : studies in early
Angevin history, 1995, p. 3-30; BACHRACH, B. S., « The angevine economy, 960-1060: ancient or
feudal? », dans State-building in medieval France : studies in early Angevin history, 1995, p. 3-55
notamment notes 46 et 47: Ce service annuel correspondait apparemment à quinze jours de travail ;
GRAND, R., « Une bien curieuse appellation de certaines corvées au Moyen Âge: la ‘bain’, ‘biain’, ou
‘bien’ », dans Mélanges dédiés à la mémoire de Félix Grat, 1946, p. 289-300 ; GUILLOT, O., Le Comte
d'Anjou et son entourage au XIe siècle, 1972, I, p. 382-384.
18 DOWNER, L. J. (éd.), Leges Henrici primi, 1972, 66.6; COOPER, A. R., « Obligation and
Jurisdiction: Roads and Bridges in Medieval England, (c.700-1300) », unpublished Ph.D., 1998, p. 101
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