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guerre contre Philippe Auguste, mais la complexité des rapports entre Jean et Rouen, ne
saurait se réduire à une telle interprétation. En renouant avec la politique de patronage
de ses ancêtres, Jean pensait sans doute renforcer les liens qui l’unissaient aux
bourgeois et s’assurer de leur soutien à son parti.
Le patronage d’hôpitaux et de cathédrales, s’il est avant tout l’expression de la
piété et de la charité des Plantagenêt, ne saurait être considéré en dehors des
préoccupations civiques qui traversent la société du XII e siècle, marquées par un essor
des institutions hospitalières régulières ou séculières. La participation accrue des laïcs
aux fonctions d’assistance témoigne en effet de la nouvelle capacité des princes, comme
des bourgeois, à permettre l’essor de ces nouveaux espaces d’utilité commune. Cette
capacité ne s’est pas limitée à la construction d’hôpitaux. Contrairement à nos
représentations actuelles, les charités désignaient aussi, à partir du XI e siècle, des formes
d’organisation collective permettant la construction et l’entretien des ponts.
2.2- Les Plantagenêt et la construction de ponts : un simple rapport
de patronage ?
2.2.1- La construction de ponts : entre œuvre charitable et instrument de pouvoir
Depuis les travaux de Marjorie Nice Boyer, les organisations fraternelles et
charitables qui ont été à l’initiative de construction de ponts en France sont mieux
connues 183 . La documentation les concernant avant le XIII e siècle est en effet pauvre,
car si à l’époque carolingienne les ponts étaient pris en charge par l’administration
centrale, aucun document ne permet d’entrevoir les conditions et les processus de leur
conception et de leur exécution. L’existence d’organisations liées à la construction de
ponts est pourtant une réalité historique dont témoignent les actes de la pratique dès le
milieu du XII e siècle, à travers les termes d’opus pontis et parfois de fratres pontifices
(fraternités de pont). Jean Mesqui a explicité l’ambiguïté des termes opus/opera, que ne
recouvre qu’imparfaitement la polysémie du terme actuel d’« œuvre », notamment le
sens d’œuvre comme processus conduisant de la conception à l’exécution, qui n’existait
pas au Moyen Âge 184 . Jusqu’au XV e siècle, si les opera indiquaient des travaux, l’opus
183 BOYER, M. N., Medieval French Bridges. A History. 1976 ; LE BLÉVEC, D., La part du pauvre.
L'assistance dans les pays du Bas-Rhône du XIIe siècle au milieu du XVe siècle, 2000, II, p. 311.
184 MESQUI, J., « Le pont de pierre au Moyen Âge: du concept à l’exécution », dans Artistes, artisans, et
production artistique au Moyen Âge, 1986, p. 197-213.
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