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est continu ; 2- il est infini ; 3- il a trois dimensions ; 4- il est homogène, c’est-à-dire
que tous ses points sont identiques entre eux ; 5- il est isotrope, c'est-à-dire que toutes
les droites qui passent par un même point sont identiques entre elles » 251 . Dans le sillage
de cette redéfinition, des travaux ont été menés sur le thème de la spatialisation du sacré
dans l’Occident médiéval entre le V e et le XIII e siècle 252 et plusieurs récentes
publications ont contribué à renouveler la compréhension des processus sociaux et
spatiaux de la féodalité 253 . Les nouveaux outils conceptuels utilisés et interprétés, mais
aussi parfois élaborés – tels que spatialisation, territorialisation, topolignée, et plus
récemment la monumentalisation ou déparentèlisation – permettent désormais de
décrire autrement, sous forme dynamique, les processus de réorganisation sociale et
spatiale de l’Occident entre le X e et le XII e siècle, et d’émanciper les représentations
historiennes de la catégorisation mise en point par les historiens du droit du XIX e
siècle 254 . En 1996, Jacques Le Goff et Jean-Claude Schmitt prennent acte de ce
changement de regard du médiéviste sur l’espace ainsi que de sa relation au temps, en
l’incluant dans les nouveaux objets et les nouveaux problèmes de l’histoire médiévale
en France 255 .
Cette tendance s’observe également aux Etats-Unis, où la redéfinition
anthropologique de l’espace dans les années 1990 s’inscrit dans le courant
‘postmoderne’ de l’histoire culturaliste. Dans l’introduction de Medieval Practices of
Space, Barbara A. Hanawalt et Michal Kobialka proposent d’interpréter l’appropriation
du terme ‘space’ par les sciences sociales comme une conséquence du succès de la
French Theory de manière générale 256 , et plus spécifiquement de la réception de
251
Cité dans GUERREAU, A., « Structures et évolutions des représentations de l’espace dans le haut
Moyen Âge occidental », dans Uomo e spazio nell’alto medioevo, 2003, p. 91-116 (p. 97). On peut
relever que chez les mathématiciens la relativité de l’espace euclidien était déjà répandue: cf. GRAY, J.,
Ideas of space : Euclidean, non-Euclidean, and relativistic, 1989.
252
Titre du séminaire du CEM d’Auxerre, animé par Dominique Iogna-Prat, Michel Lauwers et Alain
Guerreau entre autre.
253
LAUWERS, M., Naissance du cimetière. Lieux sacrés et terre des morts dans l’Occident médiéval,
2005; IOGNA-PRAT, D., La maison Dieu, 2006; LAUWERS, M. et RIPART, L., « Représentation et
gestion de l’espace dans l’Occident médiéval », dans Rome et la genèse de l’État moderne : une
comparaison typologique, 2007, p. 115-171. On trouvera également un synthèse de ces apports
historiographiques dans BASCHET, J., La civilisation féodale de l'an mil à la colonisation de l'Amérique,
2004.
254
GUERREAU, A. et LE GOFF, J., Le féodalisme, un horizon théorique, 1980.
255
LE GOFF, J. et SCHMITT, J. C., « L'histoire médiévale », C.C.M., 39 (1996), p. 9-25.
256
Il suffit de regarder la bibliographie de l’introduction pour s’en convaincre : les quelques auteurs cités
sont : BOURDIEU, P., The field of cultural production : essays on art and literature, 1993; DE
CERTEAU, M., Heterologies : discourse on the other, 1986; DELEUZE, G., The Deleuze reader, 1993;
DERRIDA, J., On the name, 1995; FOUCAULT, M., « Of other spaces », Diacritics, 16:1 (1986), p. 22-
27.
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