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des différents centres. En réalité, l’empire dont Henri II hérite et qu’il contribue à<br />

étendre était pr<strong>of</strong>ondément hétérogène, mais l’effort constant pour assurer la continuité<br />

territoriale de son empire transparaît d’une certaine manière dans cette carte. En<br />

affirmant la puissance royale sur les lieux structurant de ses territoires (chapitre 2),<br />

Henri II a renforcé la centralité mobile de son empire mais n’a pas atténué sa diversité<br />

territoriale. Cette carte suggère donc assez bien la conception qu’Henri II se faisait de<br />

son empire : un espace multiterritorial cohérent. Contrairement à Martin Aurell qui le<br />

qualifie de « polycratique », empruntant l’expression à Jean de Salisbury, pour justifier<br />

l’idée que cet empire n’était qu’une « union factice et temporaire de principautés<br />

autonomes » 14 , cette carte conforte l’idée d’une structure impériale, forgée au travers<br />

des multiples stratégies développées par Henri II pour ancrer la légitimité de son<br />

pouvoir dans chacun des territoires. Henri II a ainsi respecté les sacralités locales<br />

propres à chaque principauté, patronnant différents cultes lorsqu’ils permettaient de<br />

mettre en scène son autorité royale en Angleterre ou ducale en Normandie, en Aquitaine<br />

ou en Bretagne.<br />

Henri II et la canonisation d’Edward le confesseur : la construction d’une<br />

légitimité dynastique anglaise<br />

L’association d’une parentèle ou d’une dynastie à un saint et à ses reliques<br />

constituait une pratique courante depuis le haut Moyen Âge 15 . Elle permettait de créer<br />

une communauté mémorielle sous la tutelle d’un saint fondateur et de la famille des<br />

principaux donateurs. La sanctification des ancêtres d’une lignée ou la revendication<br />

d’une filiation avec le saint était alors susceptible de renforcer l’autorité spirituelle des<br />

patrons 16 . Ainsi, en favorisant la canonisation du roi anglo-saxon Edward le Confesseur,<br />

que les moines de Westminster préparaient depuis longtemps sous l’égide d’Osbert de<br />

Clare, Henri II renforçait le charisme de son ascendance royale et confortait la nature<br />

sacrée de la monarchie 17 . En 1161, Henri II parvenait en effet à faire aboutir une<br />

entreprise qu’Étienne et Henri de Blois avait échafaudée sans succès 18 . Selon Marc<br />

Bloch, l’intérêt d’Henri II, à l’instar de son prédécesseur, résidait dans l’opportunité de<br />

14 AURELL, M., L'empire des Plantagenêt : 1154-1224, 2004., p. 12.<br />

15 MAGNANI SOARES-CHRISTEN, E., Monastères et aristocratie en Provence, milieu Xe-début XIIe<br />

siècle, 1999 ; LAUWERS, M., La mémoire des ancêtres, le souci des morts. Morts, rites et société au<br />

Moyen Âge, diocèse de Liège, XIe-XIIIe siècles, 1997, p. 114-117.<br />

16 BOZOKY, E., « Le culte des saints et des reliques dans la politique des premiers rois Plantagenêt »,<br />

dans La cour Plantagenêt, 1154-1204, 2000, p. 227-291.<br />

17 La filiation entre les deux rois est également renforcée par le pouvoir thaumaturge qu’ils détenaient.<br />

SCHRAMM, P. E., A History <strong>of</strong> the English Coronation, 1937.<br />

18 SCHOLZ, B. W., « The canonization <strong>of</strong> Edward the Confessor », Speculum, 36: 1 (1961), p. 38-60<br />

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