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continue de désigner des agents du duc ou du roi, et dans les autres possessions
continentales des Plantagenêt. Au cours des X e et XI e siècles, avec la dissémination de
la potestas et l’appropriation du ban par les seigneurs châtelains, l’office vicomtal
s’était en effet progressivement vidé de sa substance pour désigner au XII e siècle le
principal seigneur de la région, après le comte ou le duc, et l’équivalent des barones et
des principes 13 . En Normandie et en Angleterre, la force du pouvoir ducal et royal a
globalement contenu l’essor du vicomte, l’empêchant d’acquérir une puissance
autonome 14 . À quelques exceptions, celle des Meulan par exemple, la vicomté ne s’est
donc pas territorialisée. En Angleterre, la charge de shérif était vendue à ferme, à taux
fixe, et le shérif devait, deux fois par an, à Pâques et le jour de la saint Michel (le 25
septembre), se rendre à l’Échiquier, pour s’acquitter de sa ferme. Lors des sessions de
l’Échiquier, l’audit des comptes consistait à enregistrer en détail la somme des dépenses
effectuées par le shérif ou divers agents, selon les prescriptions royales. Cette somme
était alors déduite du montant de la ferme du comté ou des dettes contractées auprès du
Trésor royal, qui était conservé à l’Échiquier. Composé de barons et présidé par le
Justicier du royaume, l’Échiquier était initialement une extension de la cour du roi,
chargée de la reddition des comptes mais aussi du règlement des conflits qui pouvaient
en résulter. Le fonctionnement de cette institution est bien connu grâce au traité écrit, en
1179, par Richard FitzNigel, le trésorier de Henri II 15 . Le Dialogue de l’Échiquier est
un manuel à destination des clercs débutant dans l’institution. Il offre donc une
présentation didactique de l’institution du déroulement des sessions d’audit des
comptes, et de leurs modes d’enregistrement, ou plus exactement d’enrôlement 16 .
Les Grands Rôles de l’Échiquier, plus couramment connus sous le terme de pipe
rolls, à cause de la forme tubulaire qu’ils prennent lorsqu’ils sont enroulés et entreposés,
sont des parchemins cousus les uns à la suite des autres et sur lesquels étaient
13
DAMON, G., « Vicomtes et vicomtés dans le Poitou médiéval (IXe - XIIe siècles). Genèse, modalités
et transformations », dans Vicomtes et vicomtés dans l'Occident médiéval, 2008, p. 223-235 ;
DELHOULME, D. et REMY, C., « Le phénomène vicomtal en Limousin, IXe - XVe siècles », dans Ibid.,
p. 236-249. En Limousin, la mulitplication du titre accompagne cette dissémination.
14
DÉBAX, H., « Des vice-comtes aux vicomtes, des vicomtes aux vicomtés. Introduction », dans Ibid.,
p. 7-19; BOUVRIS, J., « Contribution à l'étude de l'institution vicomtale en Normandie au XIe siècle.
L'exemple de la partie orientale du duché: les vicomtes de Rouen et Fécamp », dans Autour du pouvoir
ducal normand Xe-XIIe siècles, 1985, p. 149-174; BAUDUIN, P., La première Normandie (Xe-XIe siècle)
sur les frontières de la Haute-Normandie identité et construction d'une principauté, 2002
15
RICHARDSON, H. G., « Richard Fitz Neal and the Dialogus de Scaccario », E.H.R., 43 (1928), p. 161-
171.
16
RICHARD FITZNIGEL, Dialogus de Scaccario (and) Constitutio Domus Regis. The Course of the
Exchequer. The Establishment of the Royal Household, 1983.
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