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doute pourquoi Henri II a cherché à instaurer un système de double contrôle sur les
comptes d’un shérif, alors soumis aux pressions des puissantes lignées baronniales du
Nord. Le système se met en place progressivement : il est à nouveau question de
l’attestation des comptes des chantiers d’Oxford en 1163 et de Woodstock 1164, tandis
qu’en 1165, c’est le shérif lui-même, Wido Extraneus, qui est chargé d’attester « per
fidem » ses propres dépenses. Puis à partir 1166, ces attestations deviennent quasiment
systématiques.
En 1166, deux ans après les Constitutions de Clarendon qui établissaient
l’extension des prérogatives de la justice royale, ont lieu les Assizes de Clarendon, qui
constituent la deuxième étape de la réforme judiciaire entreprise par Henri II 187 . Le
principal objectif des vingt-deux articles des Assizes de Clarendon était de mettre en
œuvre une nouvelle procédure par laquelle les cas seraient déterminés par un jury
composé de douze hommes « les plus légaux » du hundred et de quatre hommes de la
ville liés par serment (per xii legaliores homines de hundredo et iii legaliores homines
de qualibet villata per sacramentum) 188 . La réforme judiciaire d’Henri II substituait
ainsi aux jugements par ordalies le principe d’une justice inquisitoriale, fondée sur des
enquêtes et le témoignages d’hommes assermentés choisis au sein des communautés
locales 189 . La mise en place de systèmes d’enquêtes s’accompagne également de la
désignation de nouveaux juges itinérants (Justices in Eyre) chargés de faire appliquer
ces nouvelles procédures. À partir de 1176, six circuits (Eyre), quadrillant le royaume
d’Angleterre sont définis lors des Assizes de Northampton.
La formation d’un jury pour obtenir une information par serment n’est pas une
innovation de la part d’Henri II qui ne fait que reprendre et synthétiser des procédures
qui existaient à l’époque carolingienne (pour les enquêtes fiscales) et anglo-saxonne
(pour les règlement judiciaires arbitrés par douze thegns), et qui avait déjà été mise en
place par son père en Normandie 190 . Elle consistait à faire appel à la responsabilité et au
187 STENTON, D. M. P., English Justice between the Norman Conquest and the Great Charter, 1066-
1215, 1964; HUDSON, J., Land, Law, and Lordship in Anglo-Norman England, 1997.
188 HOVEDEN, II, p. cii-vi ; STUBBS, W. et DAVIS, H. W. C., Select Charters, 1913, p. 143-145.
189 MAITLAND, F. W. et POLLOCK, F. W., The History of English Law before the time of Edward I,
1968, p; 139-142; STENTON, D. M. P., English Justice between the Norman Conquest and the Great
Charter, 1066-1215 (Jayne Lectures for 1963), 1964, p. 15-16; COLEMAN, C. T., « Origin and
Development of trial by Jury », Virginia Law Review, 6: 2 (1919), p. 77-86.
190 TURNER, R. V., « The origin of medieval english jury: Frankish, English or Scandivanian? », J.B.S.,
7: 2 (1968), p. 1-10. Il est déjà question de legales homines en 1164, et la composition d’un jury à Saint
Albans pour déterminer la vérité est également relatée sous le règne d’Etienne ; HELMERICHS, R.,
« Norman Iistitutions or Norman legal practices? Geoffrey le Bel and the development of the jury of
recognition », H.S.J., 10 (2001), p. 83-94.
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