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uniquement des bâtiments en bois 379 . Qu’il n’y ait pas de mention d’usage de pierre
pour ces constructions ne signifie pas qu’elles n’étaient pas maçonnées. Les bâtiments
comprenaient vraisemblablement différents types de pièces selon le rang des individus
enfermés. Ainsi les débiteurs de la Couronne ne devaient pas être enchaînés ni même
enfermés entre quatre murs mais seulement retenus à l’intérieur des enceintes du
château 380 . Au cours du XIII e siècle, cependant les distinctions de statuts entre les
prisonniers ont tendance à se réduire, si bien que Bracton pouvait condamner les
geôliers qui réduisaient leur charge à celle d’enchaîner les prisonniers 381 .
Le développement des prisons en Angleterre est donc un phénomène précoce, lié
à la capacité du roi à concentrer concrètement entre ses mains, dès le milieu du XII e
siècle, le monopole de la haute justice ainsi qu’à la nécessité pour les shérifs de placer
les criminels en lieu sûr, en attendant l’arrivée des juges royaux. Sur le continent, la
situation n’est clairement pas la même, la justice pouvant être exercée localement et
presque immédiatement par les châtelains détenteurs du ban et en appel par les officiers
du roi. En ce sens, l’essor de la prison en Angleterre constitue une manifestation de la
potestas publica du roi et de sa capacité à l’inscrire dans le territoire du royaume. Elle
traduit également la genèse d’un pouvoir de coercition qui tend à s’appliquer par
l’intermédiaire des lieux, non plus seulement sur les fidélités, mais aussi sur les corps
des individus. Cet aspect constitue, selon Michel Foucault et Giorgio Agamben, par le
processus de subjectivation qu’il induit, une manifestation de l’émergence de la
souveraineté du pouvoir 382 .
3.3- Conclusion du chapitre
De ce chapitre consacré à l’analyse des situations dans lesquelles un enjeu public
émerge de l’action royale, on peut conclure tout d’abord que le renouveau de l’utilité
publique sur la scène politique est autant lié à la renaissance du droit romain au XII e
siècle, qu’à la nécessité d’une régulation qu’avait progressivement imposées la
« privatisation » ou la féodalisation des travaux publics et la désuétude dans laquelle
étaient tombées les obligations antiques liées à l’entretien de ces travaux. Cette
379 PUGH, R. B., « The King's Prisons before 1250 », T.R.H.S., 5 (1955), p. 1-22.
380 Ibid.; RICHARD FITZNIGEL, Dialogus de Scaccario (and) Constitutio Domus Regis. The Course of
the Exchequer. The Establishment of the Royal Household, 1983, p. 21. et p. 117.
381 HENRY DE BRACTON, On the laws and customs of England, 1968, II, p. 2999.
382 FOUCAULT, M., Surveiller et punir. Naissance de la prison, 1993; AGAMBEN, G., Homo sacer I Le
pouvoir souverain et la vie nue, 1997.
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