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prérogatives des détenteurs de l’autorité, contrairement au sud de la France où la<br />

construction de ponts répondait essentiellement à l’objectif de faciliter la vie<br />

quotidienne des fidèles. Nicholas Brooks a montré comment les ponts ont été des<br />

instruments largement utilisés par les comtes d’Anjou pour territorialiser leur<br />

pouvoir 188 . En construisant un pont sur la Mayenne, à Château-Gontier en 1007, à<br />

Angers et à Mayenne en 1028, Foulque Nerra ne faisait pas autre chose que de créer le<br />

territoire du comté d’Anjou, à travers l’affirmation délibérée de privilèges régaliens 189 .<br />

Dans cette perspective, le patronage des constructions de ponts par les Plantagenêt<br />

s’inscrit dans une pratique considérée comme relevant de prérogatives royales. Cette<br />

conception était cohérente avec l’héritage anglo-saxon, qui considérait que les<br />

constructions de ponts et les fortifications du royaume étaient des obligations<br />

inaliénables, conservées par la royauté. Comme pour les enceintes des communautés<br />

urbaines, les ponts constituaient également le lieu d’expression d’un pouvoir, qu’il soit<br />

celui de la communauté ou du seigneur qui en était à l’origine. L’affirmation du pouvoir<br />

royal ou princier sur les ponts se traduisait alors par leur aspect fortifié qui comprenait<br />

parfois une tour, comme c’est le cas du pont Valentré à Cahors 190 . À la fin du XII e<br />

siècle, si certains ponts, comme ceux que Richard fait fortifier sur la Seine avaient<br />

toujours une vocation militaire, c’est surtout comme point nodal entre les voies fluviales<br />

et terrestres, permettant le contrôle de l’espace et des réseaux de communication, que le<br />

pont constituait un instrument de territorialisation du pouvoir.<br />

2.2.2- Le patronage royal des ponts et la reconnaissance de leur utilité publique<br />

Le patronage des ponts par le roi pouvait s’effectuer de plusieurs manières, du<br />

simple don, qui le plaçait au rang des grands bienfaiteurs, à l’octroi de droits ou<br />

d’exemptions, et notamment du pontage dont il avait le monopole. Au XII e siècle, le<br />

doit de pontage était le droit de poser un péage sur un pont pour taxer les hommes et les<br />

biens qui l’empruntaient.<br />

Patronner, exempter, arbitrer les coutumes de pont<br />

188<br />

BROOKS, N., « Medieval bridges : a window onto changing concepts <strong>of</strong> state power », H.S.J., 7<br />

(1995), p. 11-37<br />

189<br />

BIENVENU, J. M., « Recherches sur les péages angevins aux XIe et XIIe siècles », Le Moyen Âge, 63<br />

(1957), p. 209-240-et 437-467; BACHRACH, B. S., Fulk Nerra, the Neo-Roman Consul, 987-1040 : A<br />

Political Biography <strong>of</strong> the Angevin Count, 1993.<br />

190<br />

BROOKS, N., « Medieval bridges : a window onto changing concepts <strong>of</strong> state power », H.S.J., 7<br />

(1995), p. 11-37; BOYER, M. N., Medieval French Bridges. A History. 1976, p. 13-27.<br />

269

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