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Conclusion
La crise de la Magna Carta qui éclate en 1215 constitue pour de nombreux
historiens le paroxysme des tensions et des pressions accumulées depuis le règne
d’Henri II entre le roi et ses barons. Si le comportement arbitraire et abusif de Jean a été
considéré comme un facteur important notamment dans la perte de confiance des barons
pour leur roi, cette crise est aussi le symptôme d’un tournant important dans la
représentation des rapports de pouvoir et dans l’émergence d’une société politique 1 . Sir
James Holt a ainsi souligné que lorsque Jean de Lacy et Gilbert FitzReinfred se rendent
à Jean en janvier 1216, ils sont contraints non seulement de renouveler leur fidélité
personnelle au roi mais aussi de renoncer à leur adhésion à la charte des libertés, c'est-à-
dire à une cause, à un programme politique 2 . Les barons anglo-normands ont en effet
revendiqué de manière de plus en plus affirmée au cours de la seconde moitié du XII e
siècle un gouvernement royal per judicium et per concilium. La révolte baronniale ne
peut donc être considérée comme une simple révolte réactionnaire de féodaux voulant
réaffirmer leur place prééminente dans la pyramide féodale, car nombre d’entre eux
concevaient au contraire leur rôle comme celui d’une défense des coutumes de la
communauté du royaume 3 . Ces revendications s’intensifient alors que les concepts de
Couronne, d’utilitas regni et de necessitas envahissent le vocabulaire de la justification
de l’action royale. Le principe de réassurance princière a en effet reposé sur la
construction d’une idéologie royale et d’un ancrage territorial qui réactualise les
principes publics, plus encore que sur l’exploitation de la relation féodo-vassalique.
Nous avons tenté, au cours de cette étude de montrer que l’émergence de la
souveraineté comme modèle théorique dans la pensée politique a eu de fortes
1
TURNER, R. V., King John, England’s Evil King ? 2005, p. 196-198 ; HOLT, J. C., Magna Carta,
1961, p. 193-195.
2
HOLT, J. C., The Northerners, 1961, p. 1, 94.
3
TURNER, R. V., King John, England’s Evil King ? 2005, p. 140-141.
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