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Pour faire céder le château, où se trouvait son fils, il fit démolir le pont sur la Vienne.
Après la mort d’Henri le Jeune à Martel (Corrèze), Henri II revint à nouveau mettre le
siège devant Limoges, que tenait toujours le vicomte rebelle. Après la reddition de ce
dernier, Henri II fit raser les murailles et combler les fossés et, selon Geoffroy de
Vigeois, « il envoya même son sénéchal pour en presser la destruction » 97 . Par la suite,
l’état de délabrement des remparts est attesté en 1203, lorsqu’une partie des murs
s’effondre. Jean participe alors à leur réparation en 1214 pour qu’ils retrouvent l’état
dans lequel ils étaient « au temps de mon père et mon frère » 98 . Cet acte témoigne du
renversement de la situation en Limousin : Jean ayant perdu la plupart de ses terres en
Poitou, son intervention a donc essentiellement pour but de signifier la continuité de son
pouvoir sur la cité et de s’attacher la fidélité des bourgeois.
Si détruire appartient au langage politique de la féodalité, en matérialisant la
puissance coercitive du prince, cette pratique n’a pas été exercée de manière continue et
homogène au cours de la période. Une fois monté sur le trône, Richard est en effet resté
plutôt prudent, détruisant peu au final – les chroniques n’en font que rarement le
rapport, hormis dans sa guerre contre Jean et ses partisan. En revanche, le renouveau
des pratiques coercitives sous Jean déclenche à nouveau des résistances, y compris chez
les barons anglais qui parviendront à lui imposer la Magna Carta.
1.3- Vers un gouvernement autocratique ? Le sort des châteaux
rebelles sous Richard et Jean
1.3.1- De Richard à Jean : la politique castrale de Jean en Anjou et en Normandie et
la défaite de 1204
Rompant avec la politique de son père, Richard rendit la plupart des châteaux
qu’Henri II avait confisqués et conservés entre ses mains et nomma des abbés aux
sièges laissés vacants 99 . Ces restitutions viennent rétablir un équilibre en mettant fin à
ce que le nouveau roi qualifie lui même d’usurpation. Dans l’acte de restitution des
châteaux de Berwick et de Roxburgh à Guillaume d’Écosse, en 1189, Richard explique
97 Ibid., p. 170.
98 Rot. Lit. Pat., p. 134 : Dilectis sui capitulo sancti Stephani et priori et conventui Sancti Andrei et
Abbatisse Sancte Marie etc. Mandamus vobis quod auxilium faciatis civibus nostris Limovicensis ad
civitatem nostram Limovicam firmandam et claudendam sicut debetis et facere consuevistis [temporibus]
patris et fratris nostri. Ita ut vobis inde teneamur ad gratas. T. me ipso, apud Novum Templum Londonie
xxi die Aprilis ; Chroniques de Saint-Martial de Limoges, DUPLÈS-AGIER, Henri (éd.), 1874, p. 68:
corrunerunt muri castri Lemovicensis fere C. cubiti.
99 GILLINGHAM, J., Richard I, 1999, p. 104-105.
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