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locale. De plus, si nombre de seigneurs associés étaient en réalité déjà acquis à la cause
du roi, la fondation pouvait néanmoins fonctionner comme une formalisation du lien de
fidélité. En cas de trouble, les monastères pouvaient également servir de base militaire
comme il n’était pas rare de le voir au XII e siècle 360 .
Les fondations constituaient également des institutions garantes de la paix,
chargées de canaliser la violence des seigneurs, y compris contre leurs propres
domaines. Dans le cadre de la réforme grégorienne, les fondations étaient de véritables
instruments de lutte contre les exactions des seigneurs laïcs. En accroissant et en
reconnaissant que les terres de ses fondations, présentes et à venir, devaient être
protégées contre de l’empiètement des seigneurs locaux, Richard organisait d’une
certaine mesure la paix sociale dans des espaces peu dominés 361 . La charte de Savaric
de Mauléon en faveur de la Meilleraye, par exemple, est motivée par un repentir du
seigneur pour avoir privé les religieux des privilèges dont ils jouissaient dans la forêt
d’Orbestier, ancienne forêt comtale, que les Mauléon convoitaient et s’étaient
vraisemblablement appropriés après la défaite de 1214. Cette expulsion suggère que les
droits de jouissance de la forêt constituaient un conflit entre les religieux et les
seigneurs de Mauléon qui pourrait bien remonter avant même la fondation du prieuré.
Les raisons de la présence de Richard à Talmont dès 1182, sont en effet liées à la
requête de l’abbé de Saint-Jean d’Orbestier auprès de Richard contre les empiètements
du seigneur de Talmont et notamment dans les espaces forestiers 362 .
Ralph V. Turner et Richard R. Heiser font également remarquer que les chartes
de confirmation pour les abbés de Lieu-Dieu et de Charron emploient l’expression de
360 CHIBNALL, M., « Orderic Vitalis on castles », dans Piety, Power and History in Medieval England
and Normandy, 2000, p. 53: « Orderic died too soon to know about the use of churches as siege works
and adulterine castles in England during Stephen reign, of which, William of Malmesbury and the author
of the Gesta Stephani tell us so much », cite Gesta Stephani, 1976, p. 61 (2; 91-2); GUILLAUME DE
MALMESBURY, Gesta Regum Anglorum atque Historia novella, 1840, p. 42 48.
361 AHP, XI, p. 408 : Volumus eciam et firmiter precipimus quod omnes homines eorum et tota terra que
pertinent ad prefatam abbaciam, si quieta de exercitu et equitacione et de omni alia mala consuetudine et
seculari exactione. (Nous voulons et nous ordonnons fermement que tous leurs hommes et toutes les
terres qui appartiennent à ladite abbaye, soient en paix et en dehors de toute armée et chevauchée et de
toutes les mauvaises coutumes et des exactions des laïcs.)
362 DE LA BOUTETIÈRE, L. (éd.), Cartulaire de l'abbaye Saint-Jean d'Orbestier, 1877, p. 5 : ego R.
intendes, divina inspiracione compunctus, qui mutas infurias, multas vexaciones per famulos meos de
Thalemundo antea eidem ecclesie injeceram, omnia jura sua in nemore, in landis et in terris reddidi, et
non solum reddidi sed eciam sicut antecessores mei dederant dedi et concessi eidem abbacie. (moi R., mu
par l’inspiration divine et à cause des nombreuses injures et vexations commises par mon homme de
Talmond faites à l’encontre de cette église, exige qu’il rende tous ses droits dans les bois, les landes et les
terres, non seulement qu’il les rende mais aussi qu’il donne et concède à l’abbaye celles que mes ancêtres
lui avaient données).
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