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d’analyses, selon les conditions propres de chaque marche, nous verrons donc comment
un espace de l’empire s’est progressivement constitué et les obstacles auxquels il s’est
heurté. Ainsi, en Angleterre, la territorialisation du pouvoir royal qui s’est
principalement effectuée au cours des deux campagnes de 1153-58 et 1173-78 procéda
en partie du démantèlement des grands honneurs. De même, si l’unification de l’Anjou
et de la Normandie à travers la personne d’Henri II facilita la dissolution des seigneuries
en marche de ces deux anciennes principautés, en revanche, l’affirmation d’un pouvoir
considéré comme « étranger » se heurta à d’importantes résistances en Aquitaine et en
Bretagne, où l’hommage au roi de France acquit progressivement une capacité
d’interférence qui se révèlera d’une grande efficacité.
3.1- Intégration et désintégration des marches de l’espace
« impérial » anglo-normand
La conquête de 1066 ne donna pas seulement à la Normandie et à l’Angleterre
une aristocratie commune, elle intégra également une large partie de la noblesse
bretonne qui accompagna Guillaume le Conquérant dans son entreprise et qui en fut
largement récompensée par des dotations de terre anglaises. C’est à ce titre que John le
Patourel parlait d’empire normand qui incluait également une partie de l’aristocratie
flamande 257 . En 1166, l’annexion de la Bretagne et l’abdication de Conan IV en faveur
d’Henri II lui donnèrent une prise directe sur cette aristocratie bretonne qui contribua à
territorialiser son pouvoir dans le duché. Avant cette date, l’essentiel de son action se
joue en Angleterre, lors de son accession au trône et dans les marges méridionales de la
Normandie.
3.1.1- Le démantèlement des grands honneurs anglais
Entre 1155 et 1157, Henri II s’attaqua aux anciens partisans du roi Étienne, non
seulement pour leur imposer la reconnaissance de son autorité et de sa puissance
publique, mais aussi parce qu’ils s’étaient taillés, depuis la mort d’Henri I er des
honneurs qui constituaient de véritables ensembles territoriaux menaçant la continuité
territoriale du royaume. Les premiers à pâtir du changement de pouvoir furent, sans
étonnement, le fils et le frère d’Étienne de Blois : Guillaume de Boulogne et Henri de
comitatibus, 1185, 1913 ; WALMSLEY, J. (éd.), Widows, heirs, and heiresses in the late twelfth century :
the Rotuli de dominabus et pueris et puellis, 2006.
257 LE PATOUREL, J. H., Feudal empires : Norman and Plantagenet, 1984.
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