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Avec l’acquisition du comté de la Marche en 1177, l’implantation du pouvoir
territorial des Plantagenêt dans les espaces périphériques de l’Aquitaine s’était donc
considérablement renforcée, à la fin des années 1170, faisant barrage aux ambitions
méridionales des Capétiens. Cependant, l’arrivée sur le trône de Philippe Auguste
renverse la tendance. Profitant des luttes intestines entre les Plantagenêt, le nouveau roi
de France décide de passer à l’offensive. En mai 1187, il prend Graçay et Issoudun et
vient assiéger Châteauroux. Henri II obtient une trêve et rencontre Philippe Auguste à
Châtillon-sur-Indre, signe d’un recul des positions Plantagenêt (par rapport à Garçay) ;
il cède d’ailleurs au roi de France ses droits sur Issoudun 403 . Quelques mois plus tard,
lorsqu’il apprend la mort de Baldwin de Redvers, l’époux de Denise de Déols, Philippe
Auguste lance à nouveau une attaque sans attendre l’expiration de la trêve et s’empare
de Châteauroux le 18 mai 1188, puis s’élance à l’attaque des principales places du
Berry 404 . Richard ne parvint qu’à reprendre Palluau, mais Philippe Auguste lui rend
l’honneur d’Issoudun et lui promet Châteauroux en échange de son hommage pour les
territoires continentaux de l’empire de son père 405 . En 1189, par le traité d’Azay-le-
Rideau, Henri II cédait Issoudun et Graçay à Philippe Auguste et lui versait une
indemnité de 20 000 marcs d’argent pour les dépenses qu’il avait faites à Châteauroux.
John Gillingham a remarqué que de nombreux chroniqueurs ont relaté la lutte
pour Châteauroux à l’intérieur aussi bien qu’à l’extérieur de ses murs en 1188-89 ; cet
épisode qui apparaît dans plusieurs chroniques anglaises traduit la conscience que les
auteurs qui écrivaient dans les années 1190 avaient de l’enjeu que représentait le
contrôle de cet espace 406 . Au cours de cette décennie, les tensions autour des frontières
entre les espaces Plantagenêt et Capétiens n’ont en effet cessé de s’intensifier. En
403 RIGORD et GUILLAUME LE BRETON, Oeuvres, 1882-1885, I, p. 78; PETERBOROUGH, II, p. 6
404 Buzançais, Argenton, Levroux, puis s’empara de Montrichard, avant de prendre Palluau, Montrésor,
Le Châtelet (et non Châtillon-sur-Indre comme le traduit Jacques Boussard), la Roche-Guillebaud, Culant
et Montluçon ; RIGORD et GUILLAUME LE BRETON, Oeuvres, 1882-1885, I, p.90-92: … et nobile
Castellum Radulfum cepit et Buzenzacum et Argentonium et quartum obsedit quod vocatur Levrosium…
Egressi inde venerunt et Montem Tricardum obsederunt… deinde Palluellum et Montresorium et
Castellutum cepit et Rupem Guillebaldi et Cullenceum et Montem Luzonis, et quicquid juris rex Angliae
in tota Bitura et Arvernia habebat, Philippus rex sibi subjugavit.
405 PETERBOROUGH, II, p.50 : Ricardus comes Pictaviae, sine consilio et voluntate patris suis regis
Angliae, devenit homo Philippi regis Franciae, de Normamnia et Pictavia et Andegavia et Cennomannia
et Berria et Tolosa et de omnibus aliis feodis suis transmarinis. Pro hac igitur fidelitate et homagio,
Philippus rex Francie promisit ei se redditurum illi Castrum Radulfi et omnia alia castella et terras quas
occupaverat in Berria et reddidit Ysoudun cum toto honore et omnia alia tam homines quam terras quae
occupaverat in aliis guerris habitis inter ipsum et regem Angliae.
406 GILLINGHAM, J., « Events and opinions : Norman and English views of Aquitaine c.1152 - c.1204 »,
dans The World of Eleanor of Aquitaine : Literature and Society in Southern France between the
Eleventh and Thirteenth Centuries, 2005, p. 57-82.
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