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Richard (Bérengère de Navarre) et de Jean (Isabelle d’Angoulême) ainsi que le<br />

développement du commerce dans des centres tels que La Rochelle et Bordeaux<br />

témoignent incontestablement de la place de cette région, trop souvent négligée par les<br />

historiens britanniques, au sein de l’empire. Les oppositions cristallisées autour de la<br />

question de l’unité ou non de cet espace, reposaient donc sur une conception de l’empire<br />

au sens d’institution ou de structure politique. C’est sans doute pourquoi, bien<br />

qu’émancipés de la vision « nationale », les débats n’ont jamais cessé d’être posés en<br />

terme d’État (comment un État peut-il chevaucher deux royaumes ?), comme si tout<br />

Empire supposait l’existence d’un État impérial, sur le modèle implicite de l’Empire<br />

romain, de ses avatars ou des empires coloniaux du XVIII e et XIX e siècles, c'est-à-dire<br />

d’une structure centralisée avec un cœur et une périphérie et une vocation<br />

impérialiste 304 . De fait, dans les années 1950-1980, les définitions de référence de<br />

l’empire « universel » reposaient sur l’idée que tout Empire était un « État souverain<br />

s’étendant durant un certain temps sur un vaste territoire habité de multiples groupes<br />

sociopolitiques placés sous l’autorité d’un même gouvernant ayant une politique tendant<br />

à l’hégémonie » 305 . Or ce qui était une certitude hier commence à disparaître<br />

aujourd’hui : pour certains sociologues ou philosophes du politique, en effet, l’Empire<br />

apparaît précisément comme une forme sociopolitique alternative à l’État, soit en tant<br />

que forme pré- ou post-étatique, soit comme matrice même de la formation de l’État 306 .<br />

L’articulation entre la formation de l’État et sa transformation en empire constitue en<br />

effet l’une des principales questions des politistes et des historiens que ce soit au XVI e<br />

siècle, moment où l’essor des États modernes en Europe coïncide avec leur extension<br />

transatlantique, ou au XIX e siècle, lorsque se met en place l’État-nation en même temps<br />

que la colonisation de l’Afrique et de l’Asie. Dans quelle mesure alors la formation des<br />

empires féodaux, que ce soit l’empire Plantagenêt au XII e siècle, ou Capétien au XIII e<br />

siècle, ne peut-elle également être envisagée comme une étape préalable dans la<br />

« genèse de l’État moderne » ? Alors qu’il était courant de parler de l’empire du roi à la<br />

fin du Moyen Âge et à l’époque moderne pour désigner son pouvoir souverain,<br />

304<br />

DOYLE, M. W., Empires, 1986; MOTYL, A. J., « Why Empires reemerge: Imperial collapse and<br />

imperial Revival in Comparative Perspective », Comparative Politics, 31:2 (1999), p. 127-145.<br />

305<br />

GILISSEN, J., « La notion d’empire dans ‘l’histoire universelle’ », dans Les Grands Empires, 1973, p.<br />

759-849.<br />

306<br />

Entre autre : HARDT, M. et NEGRI, A., Empire, 2004, BARKEY, K., « Trajectoires impériales:<br />

histoires connectées ou études comparées? », RHMC, 54: 5 (2007), p. 90-103; BARKEY, K. et VON<br />

HAGEN, M., Aflter Empire: Multiethnic Societies and Nation-Building: the Soviet-Unions and the<br />

Russian, Ottoman and Habsburg Empires, 1997 ; BAYART, J. F., Le gouvernement du monde. Une<br />

critique politique de la globalisation, 2004.<br />

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