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une région aux sous-sols riches en calcaire et en schiste 230 . Connues et exploitées depuis
longtemps, les carrières avaient été concédées à l’abbaye de Saint-Denis en France par
le roi Edward le Confesseur peu avant la conquête, ce qui explique que les chantiers
royaux ne se soient guère approvisionnés sur ce site 231 . Le développement de la
production des carrières entre 1065 et 1086 est vraisemblablement à l’origine de l’essor
de la rente du manoir qui passe de 24s. 7d. à £15 par an. Hormis les dépenses faites pour
la carrière elle-même en 1163, les comptes des shérifs de l’Oxfordshire comportent
seulement deux dépenses en 1166 : l’une de £11 3s. 1d. pour des pierres taillées (pro
lapidibus quadri portatis) pour le chantier de Windsor et l’autre d’un marc (13s 4d.)
pour des colonnes (pro XX columpnis) à destination du chantier de Westminster 232 . Ces
éléments signalent que l’exploitation des carrières de Taynton ne se limitait pas à
l’extraction d’une pierre brute, mais qu’il existait des ateliers de taille permettant de
fournir les chantiers en matériaux préfabriqués. Une telle organisation existait, selon E.
Jope, dès l’époque anglo-saxonne, pour la pierre de Taynton, mais aussi pour celle de
Quarr et de Barnack que l’on retrouve surtout dans les colonnettes et les pierres d’angles
ou clefs de voûte à l’époque anglo-saxonne 233 . La diffusion de certains types de pierre
s’effectuait donc davantage « par spécialité » et selon des usages spécifiques, que dans
le cadre strictement régional. Il existait donc un corps de techniques transmises avec une
certaine cohérence et une organisation parmi les tailleurs et les carriers anglo-saxons.
En 1066, les vastes chantiers engagés par les Normands ont donc surtout contribué à
l’essor plutôt qu’à la création d’une industrie d’extraction de pierres de taille en
Angleterre.
2.1.2- L’organisation de l’approvisionnement en pierre des chantiers royaux :
administration centralisée et mise en réseau
Les carrières exploitées par les Plantagenêt : une diffusion à large échelle
230 PR 9 H.II., p.48. Les autres occurrences de quarraria concernent des enregistrements liés au transport
des pierres « de la carrière au château ou à l’embarcadère », PR 27 H.II, p. 29 : pro eis deferendis a
quarreria usque ad aquam; PR 2 Jean, p. 101 : pro petra trahenda de quareria ad castellum de Ebroaco
(York) ; ALAN, C. (éd.), Victoria Counties History. A history of the county of Oxford, 1954-1990, II,
p. 265.
231 « Domesday Book », p. 224, Oxfordshire, f°157, XIII : l’abbaye [de Saint-Denis de Paris] tient
Taynton du roi. Le roi le lui a donné. Le site comprend 10 hides, incluant la carrière, les prairies et les
pâtures.
232 PR 9 H.II., p. 48 : £ 4 in quarraria de Tegtonie; PR 12 H.II, p. 116 : pro lapidibus quadri portatis ad
Windrelores ad operatione Regis ; p. 117 : pro XX columpnis ad operatione regis apud
Westmonasterium.
233 JOPE, E. M., « The Saxon building stone industry in South and Midland England », Medieval
Archaeology, 8 (1964), p. 91-118.
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