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en tant qu’autorité supérieure du roi, distincte de la notion de majestas, désignant une
autorité individuelle à l’image de la figure du Christ, coïncide donc avec la
revalorisation de sa dimension territoriale (imperator orbis terrarum), une coïncidence
qui souligne l’enjeu que représente alors, au sein des écrits de théorie politique, le
processus territorialisation du pouvoir princier. La transformation des sens du vocable
d’imperium dans ce sens transparaît notamment dans les usages qui en sont fait à la cour
de Jean sans Terre 338 . Ralph V. Turner a en effet montré la mise en place d’une
conception du pouvoir impérial assimilant le royaume à un empire, que l’on retrouve
dans certaines chartes, comme celle de 1202, où il est question du regnum Anglicanum
quasi imperio adequetur 339 .
Tandis que l’analyse des conséquences de tels changements théoriques dans les
pratiques du pouvoir a généralement mis en évidence l’essor de la majesté royale, en
concomitance avec la sacralisation de la dignitas, nous chercherons plutôt à observer les
conséquences spatiales de cette évolution. Dans quelle mesure les nouvelles pratiques
du pouvoir royal ont-elles été aussi marquées par un processus d’ancrage territorial ? À
partir de ce que pouvaient être les représentations de l’espace que les Plantagenêt
partageaient avec leurs contemporains, une première esquisse peut être proposée en
partant de l’état des savoirs géographiques. Quelles relations peut-on établir entre
l’essor de la géographie à la cour des Plantagenêt et leur politique territoriale, au sens de
gestion de l’étendue des territoires sur lesquels s’exerce leur pouvoir, en expansion.
Réciproquement, quel intérêt spécifique la cartographie présentait-elle aux monarques
pour affirmer leur conception du politique ?
3.2- Représenter l’empire : quels enjeux ?
3.2.1- Un enjeu de pouvoir pour les Plantagenêt
Au XII e siècle, les réflexions sur la géographie retrouvent une place importante
dans les chroniques médiévales, une place qu’elles avaient perdues depuis les textes
divisa, sovranità, 1951 qui a mis en évidence le rôle capital d’Etienne de Tournai dans l’émergence de
l’idée de souveraineté.
338
TURNER, R. V., « King John's concept of royal authority », History of Political Thought, 17: 2
(1996), p. 157-178.
339
Foedera, I, p. 87 cité dans TURNER, R. V., « King John's concept of royal authority », History of
Political Thought, 17: 2 (1996), p. 157-178.
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