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Gillingham à l’appui des données rassemblées par Robert Hajdu permet de s’en faire
une bonne idée 439 :
1152 1172 1189 1199 1206 1216
Nombre de châtellenies tenues par les
comtes de Poitiers
10 10 15 13 12* 9*
Nombre tenu par les maisons de
Lusignan, Mauléon et Thouars
18 16 16 18 27 36
* dont 5 et 4 (1216) de l’héritage d’Isabelle d’Angoulême.
Cette configuration demeure globalement la même jusqu’en 1214, malgré les
fréquentes incursions dévastatrices des uns et des autres 440 . L’indétermination de cet
espace se mesure également aux tentatives menées par Jean pour restaurer des appuis et
former de nouveaux soutiens dans l’espace conquis par Philippe Auguste. Ainsi, en
1208, lorsque Jean donne à Sainte-Radegonde de Poitiers, l’église du manoir royal de
Saint-Pierre sur la Creuse pour fonder un prieuré, ne cherchait-il pas à affirmer, en
s’appuyant sur les fondations monastiques pour relayer la réalité de son pouvoir, qu’il
était toujours le maître de cet espace 441 ?
Les hostilités reprennent entre 1212 et 1213, alors que Jean et Philippe Auguste
se disputent l’hommage de Savary de Mauléon, sénéchal de Jean en Poitou. En février
1214, après avoir calmé l’agitation des barons anglais, Jean débarque à La Rochelle 442 .
Il organise la défense de la ville en concédant aux frères du Temple de La Rochelle tous
les droits sur les cours d’eaux qui alimentent les fossés de la ville, de leurs sources
jusqu’à la mer ainsi que toute construction qui pourraient s’y faire, en échange de
l’obligation d’y construire un moulin et d’entretenir les enceintes (salva clostura ville
nostre) 443 . Isabelle Warmoes a montré qu’une fortification existait déjà en 1173-74 et
que cette enceinte était renforcée dans l’angle nord ouest par un château dénommé
439
GILLINGHAM, J., Richard Coeur de Lion: Kingship, Chivalry and War in the Twelfth Century, 1994,
p. 78.
440
RIGORD et GUILLAUME LE BRETON, Oeuvres, 1882-1885, I, p. 165-166; RIGORD, Histoire de
Philippe Auguste, 2006, p.398-401.
441
Rot. Lit. Claus., I, p. 107 .
442
WARMOES, I., « Les fortifications Plantagenêt de La Rochelle », dans Les Fortifications dans les
domaines Plantagenêt, XIIe-XIVe siècles, 2000, p. 119-122.
443
Rot. Chart., p. 196. Le Temple de La Rochelle semble alors tenir la garde du trésor royal : Dans une
lettre patente du 3 juin 1214, Jean envoie en effet à Pierre de Maulay, précepteur du Temple, 2250 marcs
qu’il a obtenu du comte d’Eu pour sa terre en Normandie ; Rot. Lit. Pat., p. 115 : Rex Petro de Maulay
etc. liberate fratri Boes preceptori domus militi Templi apud Rochellam (…) undecim milia ducentas et
quiquaginta marcarum liberandas per terminos R. comes Augi pro terra sua in Normanniae. Les
Templiers possédaient déjà des moulins à La Rochelle, comme le montre une confirmation d’Aliénor,
reine de France en 1139 : DE RICHEMOND, L. M., « Chartes de la commanderie magistrale du temps de
la Rochelle (1139-1268) », Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis, 1 (1874), p. 21-50, p. 25-
26 ; (p.28).
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