03.04.2013 Views

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

s’organise en topolignées, l’espace féodal s’inscrit, d’une certaine manière, dans la<br />

continuité du processus de personnalisation de la spatialité qui caractérisait le haut<br />

Moyen Âge. Dans le même temps, en donnant naissance à une aire de domination, la<br />

seigneurie châtelaine, qui était initialement conçue comme un pur agrégat de droits<br />

personnels, suivait un processus parallèle à la formation de l’espace paroissial, autour de<br />

lieux progressivement circonscrits comme sacrés, les reliques, l’église, le cimetière.<br />

L’espace féodal donnait naissance à de puissants ancrages locaux autour desquels de<br />

nouveaux territoires (principautés et royaume d’une part, diocèses et Chrétienté de<br />

l’autre) ont pu se mettre en place. À l’espace éclaté et polarisé des X e et XI e siècles,<br />

succède ainsi un espace aux territorialités multiples, mais de plus en plus hiérarchisées<br />

et organisées dans des ensembles cohérents. Au XII e siècle, le processus de formation<br />

des principautés territoriales se poursuit, pour recouper, entre la seconde moitié du XII e<br />

et la fin du XIII e siècle, l’espace théorique des royaumes du haut Moyen Âge, dont le<br />

souvenir latent, revient comme mode de justification des prétentions impériales des<br />

souverains occidentaux.<br />

Selon Thomas N. Bisson, le processus qui s’opère au cours du XII e siècle est la<br />

« politisation » de l’espace féodal, qui consiste à dépersonnaliser les rapports de pouvoir<br />

pour les insérer dans rapports institutionnalisés 25 . L’instrument de cette politisation est<br />

alors l’émergence d’un nouveau langage, le langage de la comptabilité d’une part, qui<br />

médiatise les rapports du prince, et le langage de la cour, qui conceptualise et théorise à<br />

l’aide du droit et des auteurs classiques les nouveaux rapports de pouvoirs qui se nouent<br />

au cours du XII e siècle. La politisation des rapports de pouvoir tend ainsi à formaliser et<br />

à faire émerger des institutions sociales telles que « les relations féodo-vassaliques » ou<br />

encore « la chevalerie ». Selon Susan Reynolds, en effet, « si tant est que quelque chose<br />

comme des institutions féodo-vassaliques ait existé, elles furent le produit non pas d’un<br />

gouvernement faible et sous administré au haut Moyen Âge, mais d’un gouvernement<br />

de plus en plus bureaucratique et d’un droit savant qui commencèrent à se développer à<br />

partir du XII e siècle » 26 . De même, pour Dominique Barthélemy, « il faut attribuer la<br />

mutation chevaleresque de l’an 1100 à autre chose qu’à l’essor de la classe des<br />

chevaliers », dont l’habitus s’inscrit dans la ligne du haut Moyen Âge et de « sa<br />

germanité ». Ce qui se déroule au XII e siècle est plutôt un effort de justification, à<br />

25<br />

BISSON, T. N., The Crisis <strong>of</strong> the Twelfth Century : Power, Lordship, and the Origins <strong>of</strong> European<br />

Government, 2009, p. 484-499.<br />

26<br />

REYNOLDS, S., Fiefs and Vassals. The Medieval Evidence Reinterpreted, 1994, p. 478-479.<br />

11

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!