03.04.2013 Views

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

De même que le donjon d’Orford, le château d’Henri II dans le Suffolk, les tours<br />

de Tickhill, Odiham, Chilham et Corfe construites par Jean (illustration 5.52),<br />

présentent un pr<strong>of</strong>il polygonal avec des tours murales. Selon T.A. Heslop, cette forme<br />

n’était pas le produit d’une volonté d’améliorer techniquement la défense des donjons<br />

dans la mesure où elle n’avait pas plus d’avantages que la forme rectangulaire, sur un<br />

plan défensif 391 . D’ailleurs, la sophistication de l’aménagement des espaces résidentiels<br />

suggère que c’est là que résidait la principale préoccupation du constructeur. Entre 1165<br />

et 1185, plus de £1450 sont en effet dépensées à Orford, pour construire la tour et son<br />

enceinte mais aussi pour y aménager des appartements. Pourtant Orford, qui devient le<br />

siège des agents royaux dans le Suffolk, ne fut pratiquement jamais visité par le roi. En<br />

analysant plus précisément la géométrie d’ensemble, T.A. Heslop en conclut que la<br />

construction de l’édifice reposait sur la maîtrise de principes mathématiques et sur une<br />

culture antique, qui transparaît dans l’agencement général et dans le détail des portes et<br />

des fenêtres, tel que le motif du linteau sous une arche semi-circulaire, fréquent dans les<br />

fortifications antiques. Moins que des exigences militaires, l’architecture d’Orford<br />

aurait ainsi été principalement inspirée de la mode des palais anciens, connue dans<br />

l’Angleterre du XII e siècle par les récits de voyages et de pèlerinages en Terre Sainte.<br />

En cela, l’architecture d’Orford était porteuse de l’image d’une royauté antique et<br />

impériale et de la Romanitas. Le site d’Orford, qui faisait face à la mer, donnait ainsi à<br />

voir cette image de la royauté anglaise non seulement sur les terres baronniales les plus<br />

insoumises, mais aussi aux potentiels « envahisseurs ».<br />

L’interprétation proposée par T.A. Heslop appartient à une historiographie<br />

récente de l’histoire des châteaux, qui, suivant le renouvellement symboliste, cherche à<br />

replacer l’architecture dans son contexte culturel et littéraire en faisant le lien entre les<br />

formes, le savoir et les représentations des maîtres d’œuvre, qu’ils soient d’ordre<br />

scientifique (traités de mathématiques) ou littéraires (thème arthurien et translatio<br />

imperii). Abigail Wheatley qui a mené ses recherches sur le lien entre architecture et<br />

contexte culturel, a également proposé de voir des connotations impériales non<br />

seulement dans la forme du château mais aussi dans l’emploi des matériaux et leur<br />

utilisation 392 . Les bandages polychromes visaient ainsi à rappeler la maçonnerie<br />

caractéristique de l’architecture romaine qui était connue et identifiée comme telle en<br />

Angleterre. Les remplois de matériaux n’avaient donc pas qu’une fonction économique :<br />

391<br />

HESLOP, T. A., « Orford castle, nostalgia and sophisticated living », Architectural History, 34 (1991),<br />

p. 36-58.<br />

392<br />

WHEATLEY, A., The Idea <strong>of</strong> the Castle in Medieval England, 2004.<br />

513

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!