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Ces langages ont accompagné l’affirmation de potestas regis en la médiatisant.
Dans la pratique, celle-ci s’est d’abord traduite par la lutte des Plantagenêt contre les
châteaux féodaux illégaux ou « adultérins », manifestant leur volonté de reconstruire un
ordre public à partir des châteaux 6 . La réactivation du droit féodal de la reddibilité a
constitué une norme commune pour réguler les rapports féodaux dans les différents
territoires de l’empire. L’essor du droit romain et la persistance du droit anglo-saxon ont
également permis d’affirmer le caractère territorial de la catégorie antique de public.
Ces héritages ont ainsi sous-tendu la définition d’une juridiction publique relevant de la
Couronne, réinvestissant d’anciennes prérogatives royales (sur les routes, les rivières,
etc.) qui lui donnaient une dimension territoriale. Elle s’est également manifestée à
travers la défense de la patria – comme combat relevant de l’intérêt commun dépassant
les rapports de vassalités – par l’érection, aux frontières du royaume et du duché de
Normandie, d’un système de fortifications complexe et de plus en plus développé. Selon
Robert de Torigni, en effet, l’ordre public devait être assuré non seulement contre la
violence active des brigands (praedones) mais aussi contre les dégradations passives de
la « privatisation » des anciennes obligations publiques d’entretien des ponts et des
chaussées 7 . Peter Von Moos rappelle en effet que l’une des conditions d’émergence de
la première fonction publique provenait de la nécessité ressentie collectivement de
réguler les nuisances qui portaient atteinte à l’autonomie des acteurs 8 . Cependant, la
capacité du prince à agir systématiquement au nom de l’intérêt commun, c'est-à-dire en
tant que représentant du corps politique, n’est qu’un processus en germe au XII e siècle 9 .
La distinction entre la personne publique et la personne privée du roi est loin d’être
acquise et le « patronage » royal reste un mode d’action en vigueur tout au long du
Moyen Âge. L’autonomie de l’espace du politique ne devient en effet une réalité qu’à la
fin de la période médiévale, lorsque le transfert du symbolisme religieux sur la personne
du prince est achevé, c'est-à-dire le moment où le prince s’identifie totalement avec la
personne publique qu’il incarne, autrement dit : l’État 10 .
Quant à la comptabilité, elle permet de faire émerger de nouveaux acteurs dans
le maintien du status regni. Les pratiques comptables du gouvernement Plantagenêt
6
FOURNIER, G., Le Château dans la France médiévale. Essai de sociologie monumentale, 1978, p. 136-
147.
7
TORIGNI, II, p. 12-14.
8
VON MOOS, P., « Public et privé au cours de l'histoire et chez les historiens », dans Entre histoire et
littérature. Communication et culture au Moyen âge, 2005, p. 440-470.
9
SENELLART, M., Machiavélisme et raison d'état, 1989, p. 23-24.
10
SENELLART, M., Les arts de gouverner, 1995, p. 124-125.
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