Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

depuis le XI e siècle à la faveur de décennies d’absence du pouvoir ducal. En 1152, le
revirement des seigneurs de Déols provoque la colère du roi de France qui attaque
aussitôt, mais en vain, les terres d’Ebbes II 389 . Henri II accroît encore son influence en
1169, lorsqu’il achète l’hommage de Hervé de Gien (ou de Donzy) pour les châteaux de
Saint-Aignan sur le Cher et Montmirail dans le Maine, deux places situées aux
frontières du comté de Blois 390 .
Selon Benoît de Peterborough, le ralliement du Berry et le renforcement de ses
positions ont porté les ambitions impérialistes d’Henri II jusqu’à Bourges, où se trouvait
l’archevêque qui détenait la primatie sur l’Aquitaine 391 . Mais en l’absence d’un accord
formel de la part de l’archevêque, Henri II décide de prendre la ville par la force en
1172. Il rassemble une armée à Montluçon, mais doit cependant s’incliner devant
Louis VII venu à l’avant d’une petite armée, et accepte de conclure une trêve
reconnaissant le statu quo 392 .
Quelques années plus tard, en 1176, la mort de Raoul VI de Déols (le fils de
Ebbes II) offre à Henri II une nouvelle occasion de renforcer son autorité en Berry. En
vertu de la coutume féodale qu’il entend instaurer en Aquitaine, le Plantagenêt réclame
la garde de l’héritière de la seigneurie de Châteauroux, Denise de Déols, alors âgée de
trois ans 393 . Mais l’oncle de la jeune fille prend les devants en enlevant l’enfant pour
389 DEVAILLY, G., Le Berry du Xe siècle au milieu du XIIIe, 1973, p. 405, cite « chronique de Déols »,
dans LABBÉ, P., Nova Bibliotheca MSS. librorum... 1653, I, p. 316 : Comusta sunt a rege Ludovico,
castra et castrum Meillanum et ab Ebbone Dolensi principe closis. Combusta est maxmima pars Castri
Dolensis (sont brûlés par le roi Louis Châteaumeillant et Châteauroux qu’il fait détruire en partie). Il
prend aussi Châteauneuf sur le Cher, La Châtre.
390 Ces deux places passent dans la mouvance Plantagenêt à la faveur d’un conflit entre le comte Thibaud
et son vassal Hervé de Gien à propos de Montmirail dont devait hériter Hervé mais que Thibaud voulait
retenir pour lui. DEVAILLY, G., Le Berry du Xe siècle au milieu du XIIIe, 1973 p. 356 ; TORIGNI, II,
p. 16 : idem Herveus, intercurrente magna pecunia et quibusdam pactionibus, tradidit Henrico regi
Anglorum Montem Mirabilem et aliud castrum, scilicet Sanctum Anianum in Biturico.
391 PETERBOROUGH, I, p.10: Interim rex Anglia calumniatus est archiepiscopum Bituricensem debere
adjacere ducatui Aquitaniae, sed rex Francie contradicebat et sic orta inter illos gravi discordia. (Le roi
d’Angleterre manoeuvra pour que l’archevêque de Bourges relève du duché d’Aquitaine, mais le roi de
France s’y opposa, ce qui déclencha une grave discorde).
392 PETERBOROUGH, I, p. 10: et rex Angliae secum suum ducens exercitum circa festum sancti
Clementis venit in Berria usque Munt Luszun, volens ulterius procedere usque Bituricensem civitatem …
at rex Franiae praevenit cum suo exercitu, et acceptis a rege Angliae induciis, uterque reversus est in
patriam suam. (et le roi d’Angleterre rassembla une armée vers la saint Clément et entra en Berry jusqu’à
Montluçon, d’où il voulait ensuite approcher la cité de Bourges… et le roi de France avança avec son
armée et accepta la trêve du roi d’Angleterre puis s’en retourna dans sa patrie).
393 Concernant les coutumes des gardes voir HOLT, J. C., Colonial England, 1066-1215, 2003 p. 128 ;
YVER, J., « Les caractères originaux du groupe de coutumes de l’ouest de la France », Revue historique
de droit français et étranger, 30: 4th serie (1952), p. 18-79.
400