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qui pouvait directement ou indirectement être connu de lui » 352 . Cet ensemble qui<br />

permet de pénétrer l’univers intellectuel d’un clerc, sa forma mentis, souligne également<br />

la conscience que cet homme proche du pouvoir pouvait avoir de la place nouvelle des<br />

les représentations géographiques et cartographiques dans les savoirs pratiques. Pour<br />

Patrick Gautier-Dalché en effet, « un tel programme associant ce qui nous appellerions<br />

géographie maritime et géographie administrative ne correspond à aucune des modèles<br />

de la géographie descriptive disponible à la fin du XII e siècle … qui n’adoptent jamais<br />

la succession topographie pour conférer un ordre à ces réalités incertaines » 353 .<br />

L’attribution de ces textes à Roger de Hoveden témoignerait ainsi de l’essor de la<br />

géographie comme connaissance empirique et de sa place dans les préoccupations d’un<br />

homme de la cour d’Henri II et de Richard Cœur-de-Lion. L’apparition de cette<br />

nouvelle culture géographique, à la fin du XII e siècle, caractérisée par l’intégration de<br />

l’image cartographique, constitue un mode de représentation réelle du monde, dont le<br />

développement à partir du XIII e siècle produit une véritable représentation<br />

conceptualisée de la souveraineté.<br />

Des quatre cartes attribuées à Mathieu <strong>Paris</strong>, la carte de Grande Bretagne<br />

(illustration 1.9) 354 et l’itinéraire de Londres à Apulie (Chambéry) (illustration 1.10) 355<br />

expriment parfaitement la représentation que les hommes du XIII e siècle se faisaient de<br />

l’espace habité : un espace structuré par des pôles (châteaux, cités, ponts) reliés entre<br />

eux par des routes. La carte de Grande Bretagne montre cependant l’insertion de cette<br />

route balisée dans une forme délimitée par le dessin des lignes côtières de l’île. Selon<br />

plusieurs historiens, cette tentative constitue un trait particulièrement significatif de la<br />

volonté de décrire l’île dans son ensemble comme l’extension d’un territoire<br />

politique 356 . Ainsi, même si elle n’y parvient qu’imparfaitement, la carte de Mathieu<br />

<strong>Paris</strong> semble chercher à réconcilier la linéarité de l’itinéraire et la circularité du<br />

territoire. Une tension qui a été interprétée comme le reflet des définitions concurrentes<br />

de la souveraineté qui s’articulent dans l’Angleterre du XIII e siècle : aux aspirations<br />

352<br />

GAUTIER-DALCHÉ, P., Du Yorkshire à l'Inde, 2005, p. 8.<br />

353<br />

Ibid., p. 131.<br />

354<br />

MITCHELL, J. B., « The Matthew <strong>Paris</strong> Maps », The Geographical Journal, 81: 1 (1933), p. 27-34. Il<br />

existe quatre exemplaires de cette carte : le plus connu est celui du Cotton MS. Claudius D.VI. de la<br />

British Library (illustration 1), mais il existe d’autres versions moins achevées dans le MS 16 de la<br />

bibliothèque de Corpus Christi College, Cambridge, dans le Cotton MS. Julius D VIII et le Royal MS<br />

14.C.VII de la British Library.<br />

355<br />

Cotton MS Nero D I, f.183v.<br />

356<br />

BIRKHOLZ, D., The King's Two Maps : Cartography and Culture in Thirteenth-Century England,<br />

2004, p. 72-73.<br />

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