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L’inventaire des possessions ducales dans la Gascogne bordelaise a récemment
été dressé par Frédéric Boutoulle, qui non seulement comble une lacune
historiographique mais rectifie également l’idée fausse selon laquelle le domaine ducal
de l’arrière pays de Bordeaux était restreint voire inexistant 315 . Il affirme au contraire
que le domaine relevant de la directe ducale tel qu’il apparaît au milieu du XII e siècle,
faisait du duc « le seigneur territorial le plus important de la région ». Dans le Bordelais,
les Plantagenêt possédaient plusieurs châteaux relevant du domaine ducal : outre la tour
de l'Arbalesteyre à Bordeaux, la tour de Bisqueytan, le château du Cros et la tour de la
Réole, furent les plus utilisés par Henri II et Richard 316 . Dans les alentours, les sources
analysées par Frédéric Boutoulle montrent que la puissance ducale se concentrait en
quelques endroits, mais que l’espace était globalement faiblement dominé. L’action des
Plantagenêt est toutefois marquée par l’édification de nouvelles places fortes et par la
réactivation des châteaux ducaux de l’Entre-deux-Mers, tels que Bisqueytan et Le Cros
pour renforcer leur domination sur les seigneuries de Castillon et de Benauges, mais
peut être aussi ceux de Bègles, Langoiran, Rauzan, Pujols, ainsi que le castrum de Belin
en pays de Born qui appartenaient aux ducs aux alentours de 1100. La mise en place de
ce réseau de châteaux s’est effectuée principalement le long de la Garonne, jusqu’à
Agen (carte 4.16).
La fondation d’une tour (les Qat Sos) à La Réole par Henri II ou Richard est
mentionnée dans plusieurs textes postérieurs à la période. Tandis qu’une turris est
mentionnée dans les mandements royaux de 1220-1220 317 , des cartulaires disparus mais
étudiés par un moine mauriste du XVIII e siècle, Dom Maurel, signalent un castrum
qu’Henri II aurait fait construire dans les jardins des bénédictins, en 1186 318 , après avoir
démoli et rebâti le couvent quelques lieues plus loin. Par la suite, le développement du
bourg de La Réole en fait l’un des principaux centres politiques de la Gascogne ducale
si bien que Richard choisit d’y tenir sa cour le 3 février 1190 319 . Jacques Gardelles
315
Ibid., p. 56-58 et 63 où il relève plus de quarante paroisses de l’Entre-deux-Mers relevant du roi
d’Angleterre au XIII e siècle.
316
Ibid., p. 244-49. Voir chapitre 5.
317
Patent rolls of the reign of Henry III. I. 1216-1225, 1901, p. 275-276.
318
BOUTOULLE, F., « La Gascogne sous les premiers Plantagenêts (1152-1204) », dans Plantagenêts et
Capétiens: Confrontations et Héritage, 2006, p. 285-318 cite Dom Maupel, « Sancti Petri de Regula,
regalis prioratus, historica chronologia sinopsis seu de rebus notatu dignis incliti monasterii Regulensis »,
Archives Historique de Gironde, 36 (1901), p. 5-115, p. 26 : jussit apud Regulam extrui castrum loco
maxime apto, occupatusque est ab eius ministris hortus mansterii, in quo arx nova edificata est (…) Angli
eam destruxerunt aliamque humiliorem et remotiorem edificarunt. Voir aussi BOUTOULLE, F., Le duc
et la société : pouvoirs et groupes sociaux dans la Gascogne bordelaise au XIIe siècle, 2007, p. 348-49.
319
BOUTOULLE, F., « La Gascogne sous les premiers Plantagenêts (1152-1204) », dans Plantagenêts et
Capétiens: Confrontations et Héritage, 2006, p. 285-318, notamment, p. 301-302 ; LANDON, L., The
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