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d’importantes dépenses de fortifications sur les places dont Jean conserve le contrôle en
Poitou 432 . Cette hypothèse est renforcée par la lettre close que Jean envoie le 4
novembre 1207 à son chancelier en Angleterre, Geoffroy FitzPeter, lui ordonnant de
faire transférer 2000 marcs à la chambre du roi en Poitou qui se trouve à La Rochelle 433 .
Le rouleau de 1206 enregistre également des envois de fer à La Rochelle depuis Bristol
et les mines de la forêt de Dean, pour de l’artillerie 434 .
La trêve d’octobre 1206 fixe les positions du roi d’Angleterre en Poitou et
confirme les acquisitions du roi de France au nord de la Loire (carte 4.20) 435 . La
délimitation de la frontière se fait alors moins à partir de critères territoriaux que de
critères personnels en fonctions des allégeances réciproques. Cette configuration fait du
Poitou même un espace où les positions rivales sont entremêlées ce qui produit une
forte instabilité corrélative au caractère temporaire de la délimitation instaurée par la
trêve. L’énumération des partisans de chaque côté, ainsi que la liste des châteaux
poitevins dressée par Robert Hajdu et Marie-Pierre Baudry permet de dessiner la carte
des alliances définissant les positions de chaque mouvance (carte 4.20) 436 . Cependant, il
convient de distinguer les châteaux conquis par Philippe Auguste de ceux des seigneurs
poitevins qui lui ont prêté une allégeance temporaire. Ainsi, Poitiers et la petite bande
de territoire qui l’entoure ne peuvent être considérés comme des espaces conquis en
1204 437 . De fait, l’état des châteaux tenus par le roi de France en 1206-1210 qui donne
les noms de 110 châteaux, n’en mentionne qu’un seul en Poitou : celui de Montreuil
Bonnin 438 . Le roi de France n’a donc aucun domaine en Poitou, mais seulement des
fiefs très instables. De même, après 1206, la présence territoriale et le contrôle castral de
Jean sur le Poitou semblent lui avoir largement échappé. Le tableau proposé par John
432 BAUDRY, M.-P., Les fortifications des Plantagenêts en Poitou, 1154-1242, 2001 cite les places de
l’itinéraire de Jean : en particulier Saint-Maixent, Niort, Bressuire, Coudray, Thouars.
433 Rot. Lit. Claus., p. 75 : Gaufrido filio Petri etc. Mandamus vobis quod faciatis computari ad
scaccarium nostrum W. archidiacono Tantonie duo millia marcarum quas liberavit in camera nostra in
Pictavia apud Rupella in festo Omnium sanctorum anno etc … per manum Johannem de Porta, Willelmi
Blundi et Willelmi de Kiveilly. Teste Philippo de Lucy apud Rupella iiii die Novembris.
434 PR 8 Jean, p. 10 et 17.
435 DELABORDE, H. F. et al., Recueil des actes de Philippe Auguste, roi de France, 1916, II, p.473.
436 Tandis que les Lusignan, les comtes d’Angoulême, les vicomte de Limoges et de Châtellerault,
Guillaume de Mauléon, les vicomtes de Brosse soutiennent le roi de France, le roi d’Angleterre peut
compter sur l’appui des Thouars, de Savary de Mauléon, Guillaume Mauzé, Guillaume Maingot, Hugues
Larchevêque, Geoffroy de Rancon, Thibaut Chabot, Renaud de Maulévrier.
437 BAUDRY, M.-P., « Les fortifications des Plantagenêt à Thouars », dans La cour Plantagenêt, 1154-
1204, 2000, p. 297-314; BAUDRY, M.-P. et al. (eds.), Les fortifications dans les domaines Plantagenêt,
XIIe-XIVe siècles. Actes du colloque international tenu à Poitiers, les 11-13 novembre 1994, 2000 ;
BALDWIN, J. W. (éd.), Les registres de Philippe Auguste Volume I Texte, 1992, p. 497.
438 Souvent confondu à tort avec Montreuil Bellay : BAUDRY, M.-P., Les fortifications des Plantagenêts
en Poitou, 1154-1242, 2001, p. 34 note 132.
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