Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

siècle) 33 . Ce système de fossés s’étendait au-delà de la Seine, au nord vers Aumale, où
un « fossé-du-roi » et des « fosses cateresses » sont toujours en partie visibles sur une
douzaine de kilomètre sur la ligne de partage des eaux entre le bassin de la Bresle d’une
part et les vallées de l’Yères, l’Eaulne et la Béthune de l’autre 34 .
Ces fossés s’achèvent en certains points marqués par de vastes mottes voire des
châteaux qui participaient au dispositif de défense. Si nombre de ces fossés existaient
déjà au milieu du XII e siècle, il est clair qu’Henri II a contribué à renforcer ce système
dans les zones les plus instables, c'est-à-dire les marges soumises à l’influence
capétienne. C’est en ce sens que l’on peut ainsi interpréter un passage laconique de
Robert de Torigni racontant que le 16 février 1168, alors qu’Henri II est non loin de
Fresnay-sur-Sarthe, « une motte de terre fut faite, et surmontée d’une tour en bois pour
parcourir du regard toute la région » 35 . Aucun nom n’est mentionné pour identifier cette
motte, qui devait néanmoins se trouver non loin de Beauvoir sur Moire (aujourd’hui
Bourg-le-Roi), un château qu’Henri II fit édifier l’année suivante :
Henri II fit construire un château bien fortifié et un bourg dans un lieu
à coté de la Haye Malèfre appelé Beauvoir. 36
Il concéda également une charte de franchises aux hommes de Beauvoir, dans
laquelle il est question de son « nouveau château de Beauvoir sur la rivière Moire dans
le Maine » 37 . Selon François Jouin, c’est également au roi que les habitants devaient la
construction des enceintes, des portes et de l’Hôtel-Dieu 38 . Le château de Chennebrun
apparaît également comme une pièce maîtresse du dispositif. Le parc contient toujours
33 GAUDEFROY, G. e. L., « L’énigme du fossé du roi. section d’une ligne de défense qui ceinturait le
duché de Normandie », Les cahiers de la société historique et géographique du bassin de l’Epte, 35
(1995), p. 30-62 voir aussi BILLORÉ, M., « Pouvoir et noblesse en Normandie (fin XIIe - début XIIIe
siècles). De l'autocratie Plantagenêt à la domination capétienne », Thèse de doctorat, sous la dir. de
Martin Aurell, 2005, non publiée, p. 431-432 cite LEPLA, D., « Les Fossés royaux et la notion de marché
militaire au sud de l'ancien duché de Normandie (XIe-XIIe siècles) », Maîtrise d'Histoire, sous la dir. de
Jacques Le Maho, 1992.
34 GAUDEFROY, G. e. L., « L’énigme du fossé du roi. section d’une ligne de défense qui ceinturait le
duché de Normandie », Les cahiers de la société historique et géographique du bassin de l’Epte, 35
(1995), p. 30-62.
35 TORIGNI, II, p. 4 : Quarto decimo kalendas Marcii terrae motus factus est, et globus ingeus visus est
per area discurrere.
36 TORIGNI, II, p 14 : rex Henricus fecit castrum munitissimum et burgum pergrande juxta hayam de
Melfrete quod vocatum est Belleviez.
37 Recueil des actes d’Henri II , I, p. 521-24 (n°CCCXCI) : Sciatis quod concessi et hac carta mea
confirmaui hominibus castelleti mei noui de Beauueir super aquam de Moira in Cenomania. À ne pas
confondre avec les mentions de Bello Videm dans les rouleaux de l’Echiquier normands de 1180 qui
renvoient à la construction de Beauvoir-sur-Lyons en pays de Bray ; MRSN, I, p. 70-75.
38 JOUIN, F., Bourg-le-Roi, journal d'une excursion archéologique dans l'histoire de France et du Maine,
1909.
324