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est donc la place qu’occupaient les « constructions » et plus spécifiquement les
constructions du pouvoir, dans les représentations géographiques du XII e siècle ?
Le rôle des constructions dans la géographie du XII e siècle
Dans la plupart des descriptions, la place qu’occupent les constructions
(châteaux et monastères), comme lieux de référence, atteste de leur rôle structurant dans
l’espace géographique. Ainsi par exemple presque tous les chapitres de l’Itinerarium
Kambriae de Giraud de Barri commencent par décrire le centre fortifié à partir duquel
se déploient la vie et l’histoire des lieux. Le chapitre 2 s’ouvre ainsi sur la description
du château de Brecon (Aberhotheni) « castrum et principal centre de la province, il est
situé là où la rivière Hotheni rejoint les eaux de l’Usk… » 367 , tandis que la chapitre 3
s’ouvre sur la description du monastère de St Jean-Batispte d’Ewias « construit en
pierre de taille et couvert de plomb » 368 , le chapitre 4 sur le château d’Abergavenny 369 ,
le chapitre 5 sur le château d’Usk, etc. Les espaces traversés sont également décrits à
partir des châteaux, au même titre que les forêts et les rivières, véritables points de
repères du territoire et du paysage :
[Cap. V ] En traversant le Caerleon, nous passons non loin du
château de Monmouth et la noble forêt de Dean, qui fournit
Gloucester en minerai de Fer et en venaison, de l’autre côté de la Wye
mais de ce côté-ci de la Severn 370
[Cap. X ] Nous traversons dans une barque la rivière Tywi et
voyageons vers Carmathen, laissant sur notre gauche Llanstephan et
Laugharne perchés sur des rochers du rivage. Ce sont les deux
châteaux que Rhys ap Gruffydd prit d’assaut après la mort de
Henri II, roi des anglais 371 .
Parfois, la description même du château constitue à elle seule un paysage :
[Cap. XII] À seulement trois miles du castrum de Pembroke se trouve
le castellum appelé Manorbier, qui est la maison de Pyrrus, qui
possède l’île Caldy, appelée Ynys Byr par les gallois, ce qui veut dire
l’île de Pyrrus. Ce castrum se situe là, visible de loin grâce à ses tours
et ses crénelages, il occupe le sommet d’une colline, dont le bout fait
367
GIRAUD DE BARRI, The journey through Wales; and, The description of Wales, 1978, p. 20.
368
Ibid., p. 37 : plumbeis laminis operta, lapideoque tabulatu.
369
Ibid., p. 47.
370
Ibid., p. 55 : Transeuntes per inde Kaerleun – Munemutae castrum, nobilemque Danubiae silvam, que
ferinam ferique copia Gloverniae ministrat, trans Waiam, citraque Sabrinam longe a leva reliquentes.
371
Ibid., p. 80 : Transeuntes inde navigo flumen Tewiense et versus Kaermerdin iter arripientes,
Landestephan et Talacharn marinis in scopulis a leva reliquimus. Erant autem haec duo castra quae
resus filius Griphini post obitum Anglorum regis Henrici secundi …
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