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3- Les travaux d’utilité publique et l’affirmation de
l’autorité souveraine
Un des aspects essentiels de l’affirmation de la puissance publique des
Plantagenêt est de n’avoir pas limité son champ d’application aux seuls loci dominici et
loci sancti, mais d’avoir également réinvesti les antiques espaces d’utilité publique.
Cette extension du champ de la puissance publique a ainsi contribué à faire advenir un
pouvoir médiatisé, non seulement par les lieux, mais aussi par un territoire. En
permettant et en participant à l’érection de ces enceintes, le roi exerçait une autorité
publique, certes au même titre que les grands seigneurs de son royaume, cherchant à
marquer dans l’espace urbain les symboles de leur pouvoir. Mais l’essor de la question
de la défense du territoire comme justification pour ériger de nouvelles enceintes,
notamment dans les villes menacées, fait émerger de nouvelles situations dans
lesquelles les Plantagenêt ne sont plus seulement dans un rapport de protection
interpersonnel, mais se doivent de garantir l’intégrité territoriale de la « patrie ».
Comment la défense du territoire devient-elle ainsi un motif d’intervention dans la
construction de ces défenses et in fine un vecteur de la territorialisation du pouvoir
royal ? Au-delà du facteur guerrier dans la formation de la puissance souveraine, la
définition juridique des prérogatives territoriales de la Couronne sur certaines
infrastructures publiques constitue un second pan que nous analyserons à travers
l’organisation de la gestion des routes fluviales ou terrestres et la politique de
construction des prisons.
3.1- La défense et la sécurité du territoire comme cadre
d’intervention de la puissance publique
3.1.1- Les enceintes urbaines dans la défense et la sécurité du territoire
À la fin du XII e siècle, l’effort de fortification cesse de se concentrer sur les
seuls châteaux ; les villes, qui sont alors en plein essor, constituent également des lieux
essentiels de l’organisation de la défense du territoire. Si Henri II ne semble en prendre
réellement conscience qu’après la grande révolte de 1173-1174, à la fin du siècle, elle
sont devenues des acteurs majeurs de la défense du territoire, y compris financièrement.
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