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Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

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pour décorer les espaces d’apparat 228 . En 1182, 70 sous sont également dépensés pour<br />

peindre la chambre du roi dans le château de Winchester 229 . Cette mention n’est pas<br />

sans rappeler la description que fait Giraud de Barri dans son Liber De principis<br />

Instructione, d’une fresque qu’Henri II avait fait peindre à Winchester et qu’il<br />

commenta publiquement. Giraud rapporte ainsi les paroles du roi :<br />

Il arriva accompagné de quelques personnes dans la chambre de<br />

Winchester, où se trouvait une belle fresque représentant diverses<br />

figures colorées, et sur un espace resté vide à sa demande, le roi avait<br />

fait peindre ensuite un aigle et quatre aiglons le tourmentant ; deux<br />

sur les épaules et un troisième sur les reins, ils enfonçaient leurs<br />

ongles et le perforaient de leur bec, tandis que le quatrième, le plus<br />

jeune, posé sur sa tête cherchait à percer insidieusement les yeux de<br />

son père. Cette peinture apparaissait comme une préfiguration de ses<br />

malheurs familiaux. « Mes quatre fils », dit-il, « sont comme ces<br />

aiglons, ils ne cesseront de me persécuter jusqu’à ma mort. Le plus<br />

jeune, celui que je préfère, est celui qui me blessera le plus longtemps,<br />

le plus gravement et le plus violemment de tous » 230<br />

Cette description montre que les décorations n’étaient pas purement<br />

ornementales mais qu’elles pouvaient comporter des figurations sujettes à des<br />

interprétations allégoriques. Comme cette peinture, elles donnaient vraisemblablement à<br />

voir le versant domestique de la vie du prince. Le développement des ornements dans<br />

les demeures princières ou aristocratique constitue un véritable fait de société à la fin du<br />

XII e siècle qui ne manque pas d’être âprement critiqué par des clercs, érigés en garant<br />

de la bonne moralité. L’attention que portent parfois les chroniqueurs à l’aspect des<br />

intérieurs en dit long sur cette tendance. Ainsi Radulf de Diceto décrivant la demeure du<br />

château d’Angers, après les restaurations effectuées au milieu du XII e siècle, ne peut<br />

s’empêcher ce petit commentaire :<br />

228<br />

PR 8 H.II, p. 12: 65s. 8d. pro pictura camera ; PR 26 H.II, p. 43 pro plumbo et coloribus missis<br />

Clarendone et Wudestocham.<br />

229<br />

PR 28 H.II, p. 146: pro camera regis depingenda in ipso castello.<br />

230<br />

GIRAUD DE BARRI, Opera. 8, De principis instructione Liber, 1891, lib. III, cap. 26, p. 295-96 :<br />

Contigerat aliquando cameram Witoniensem variis picturam figuris et coloribus venustatam, locum<br />

quendam in ea vacuum regio mandato relictum, ubi postmodum aquilam depingi iussit [Henricus II. Rex]<br />

et quatuor aquilae pullos ei insidentes, duos alis duabus et tertium renibus, parentem unguibus et rostris<br />

perfodientes, quartum nec minorem aliis in collo residentem et paternis acrius oculis effodiendis<br />

insidiantem. Requisitus autem a familiaribus suis quidnam haec pictura portenderet, « quatuor », inquit,<br />

« aquilae pulli quatuor filii mei sunt, qui me usque ad mortem persequi non cessasbunt. Quorum minor<br />

natu, quem tanta dilectione nunc amplector, mihi denique longe gravius aliis omnibus et periculosius<br />

nonumquam insultabit » sic igitur primo interius futuras per prolem aerumnas mente praesaga malorum<br />

sibi depinxit, deinde exterius mentis conceptum protrahens articifio depingi fecit.<br />

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