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charpentiers constituaient un groupe socioprofessionnel plus élevé que celui des
maçons 159 . L’ascension sociale que lui procure la détention d’un titre s’est alors
vraisemblablement accompagnée de l’accession au métier des charpentiers, mieux
reconnu socialement. C’est sans doute parce que la mobilité entre les deux métiers est
possible et fréquente que les maçons constituent tout au long du Moyen Âge, une
profession très polyvalente 160 . Cette évolution se poursuit par l’acquisition du statut de
maître, qui lui donne des responsabilités supplémentaires sur le chantier. De même,
lorsqu’il est appelé ingénieur, il ne s’agit pas de désigner le nouveau métier d’Elyas
mais plutôt d’exprimer sa nouvelle fonction au service du roi, celle qui consistait à
superviser, coordonner et les différents chantiers entre eux. À partir du moment où il est
appelé ingénieur, Elyas apparaît en effet dans plusieurs lieux à la fois : en 1195, il est à
Oxford, Hastings et Pevensey, Rochester et Westminster 161 . En 1197, on le retrouve sur
le chantier de Marlborough, Berkeley et Freemantle, en 1199 à la Tour de Londres, en
1200 à Winchester, Woodstock etc. (voir carte 6.12). Une ACF (graphique 6.11)
effectuée sur le cas d’Elyas suggère en outre que cette ascension socioprofessionnelle
s’est accompagnée d’une évolution financière, moins dans ses gages propres que dans
les sommes qu’il avait à gérer pour la mise en œuvre des constructions.
Si les relations sociales et le patronage d’un puissant constituait souvent une
condition importante d’une telle ascension sociale, l’acquisition du titre d’ingénieur
reposait également sur un minimum de connaissances scolaires – au moins devaient-ils
savoir lire et écrire – voire sur une véritable formation qui leur donnait la capacité
d’intellectualiser un savoir pratique au moyen de la géométrie 162 . L’ascension sociale
des professionnels de la construction à partir du XII e siècle et l’émergence de la figure
de l’architecte au cours du XIII e siècle constituent un phénomène caractéristique de la
fin du Moyen Âge 163 . L’importance sociale des chantiers à cette époque se traduit par
159 HARVEY, J. H., « The king's chief carpenters », J.B.A.A., 3rd ser.: 11 (1949), p. 13-34.
160 BERNARDI, P., Métiers du bâtiment et techniques de construction à Aix-en-Provence à la fin de
l'époque gothique (1400-1550), 1995, p. 23, cite également DU COLOMBIER, P., Les chantiers des
cathédrales, ouvriers, architectes, sculpteurs, 1989 [1953].
161 PR 7 Richard, p. 2 : 100s. ad reparatione turris Roff' per magistro Helye ingeniatori ; p. 113 : 100s.
Elye de Oxineford ad reparationem domorum regis apud Westmonasterium ; p. 240 : 20 marcs Helye
ingeniatori et Radulfi de Planez ad reparatione castelli de Hasting' et de Pevenesel.
162 HARVEY, J. H., « The king’s chief carpenters », J.B.A.A., 3rd ser.: 11 (1949), p. 13-34; HARVEY, J.
H., English Mediaeval Architects. A Biographical Dictionary down to 1550 Including Master Masons,
Carpenters, Carvers, Building Contractors and Others Responsible for Design, 1987.
163 entre autre : GIMPEL, J., Les bâtisseurs des cathédrales, 1980 [1958]; RECHT, R. (éd.), Les
bâtisseurs de cathédrales gothiques, 1989; BARRAL I ALTET, X. (éd.), Artistes, artisans et production
artistique au Moyen âge. v.1 Les hommes - v.2 Commande et travail - v.3 Fabrication et consommation
de l'œuvre, 1986-1990; HARVEY, J. H., The Mediaeval Architect, 1972; STEIN, H., « Comment on
désignait les architectes au Moyen Âge », Mémoires de la Société des Antiquaires de France, 75 (1915-
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