03.04.2013 Views

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

exemple, il est question de l’Angleterre en tant que « patrie » d’Henri II (ceteri homines<br />

regis Anglie illius patrie). Contrairement au vocable de regnum qui ne concernait que<br />

l’Angleterre, le terme patria permettait de désigner chacun des territoires dominés par<br />

les Plantagenêt. Si le terme même de patrie n’est pas employé dans les documents<br />

<strong>of</strong>ficiels, c’est sans doute que l’empire Plantagenêt posait précisément ce problème de<br />

ne pas être une patria communis homogène mais d’être composé de plusieurs patries, la<br />

Normandie, l’Angleterre, l’Anjou, le Poitou, etc. Dans les chartes de Richard, les<br />

expressions pro defensione regni (Angleterre) ou ad terrarum nostrarum defensionem<br />

(pour les autres « patries ») suggèrent que le terme de terra, plus vaste, permettait<br />

d’inclure ensemble toutes les possessions territoriales des Plantagenêt, menacées par la<br />

politique capétienne, dont l’unité était encore assurée par un pouvoir de type<br />

patrimonial. Pour Roger de Hoveden et Radulf de Diceto, si Richard a fortifié les<br />

Andelys malgré l’interdiction de l’archevêque de Rouen, c’est davantage pour défendre<br />

« sa terre » contre le roi de France 275 . De même, pour Guillaume le Maréchal, l’enjeu du<br />

conflit était bien pour les barons normands de défendre la terre du roi contre le roi de<br />

France 276 . Le problème de l’utilisation du terme de patria à cette date, dans le camp<br />

Plantagenêt, est ainsi vraisemblablement le même que celui que pose le légiste capétien,<br />

Jacques de Révigny, vers 1280. Comment justifier l’importance supérieure de la patria<br />

communis du royaume sur les patria locales ? Jacques de Révigny répond à cette<br />

question en invoquant les doctores legum : c’est la Couronne du royaume qui constitue,<br />

au même titre que Rome, la patrie commune (corona regni est communis patria) 277 .<br />

C’est en effet pour l’utilitas communis, que Jean dit avoir ardemment négocié les traités<br />

de paix avec Philippe Auguste. De ce fait, tous les membres du royaume devaient<br />

apporter leur aide à la defensio capitis 278 . Mais s’il apparaît implicite, dans la<br />

275 HOVEDEN, IV, p. 18 : Et ideo rex Angliae locum illum munierat ad defensionem terrae suae contra<br />

regem Franciae ; DICETO, II, p. 155 : reproduisant une lettre de Richard annonçant la négociation aux<br />

Andelys : Sane villa de Andeli et quibusdam aliis adjacentibus loci, quae erant Rothomagensi ecclesiae,<br />

minus sufficenter firmatis, inimicis nostris in terram notram Normanniae per eadem loca patebat<br />

ingressus, per quae incendiis et rapinis necnon et aliis hostilitatis saevitiis in eandem terram<br />

nonnunquam licentibus grassabantur.<br />

276 MEYER, P. (éd.), L'histoire de Guillaume Le Maréchal, comte de Striguil et de Pembroke, régent<br />

d'Angleterre de 1216 à 1219 : poème français, 1891-1901, III, p. 176, v. 12839-128850 : « Il n’était pas<br />

en Angleterre depuis longtemps quand les gardiens de ses châteaux lui mandèrent de Normandie qu’il eut<br />

à pourvoir à la défense de sa terre, car le roi de France prenait tous les châteaux où il venait. »<br />

277 POST, G., « Public Law, the State and Nationalism », dans Studies in Medieval Legal thought Public<br />

Law and the State, 1100-1322, 1964, p. 434-493 cite DE TOURTOULON, P., Les oeuvres de Jacques de<br />

Révigny (Jacobus de Ravanis) d'après deux manuscrits de la Bibliothèque Nationale, 1899, p. 48-50.<br />

278 STUBBS, W. et DAVIS, H. W. C., Select Charters and Other Illustrations <strong>of</strong> English Constitutional<br />

History from the Earliest Times to the Reign <strong>of</strong> Edward the First, 1913, p. 277, (1205): nobiscum<br />

tractaturi de magnis et arduis negotiis nostris et communi regni nostri utilitate, quoniam super hiis quae<br />

289

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!