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seigneurie de Dinan, s’emparant des châteaux de Guignon, d’Hédé (qui avait été fortifié
par Geoffroy de Montfort), de Tinténiac et de Bécherel, la fortification de Roland de
Dinan, qu’il fait réparer après le siège, ainsi que Gagard, avant d’assiéger Léhon 294 .
Toutes ces interventions ont pour but d’affirmer l’autorité ducale dont Henri II était
titulaire avant qu’elle revienne à son fils Geoffroy qui en fut officiellement investi à
Rennes en mai 1169. Dès lors les interventions d’Henri II se sont faites non plus au nom
du dominium ducal mais de son imperium sur la Bretagne. La revendication de ce
double pouvoir se matérialise quelques mois après l’investiture de Geoffroy, par une
prise de possession symbolique du territoire, lorsque Henri II et Geoffroy « parcourent
les châteaux de Bretagne, recevant les fidélités et services des comtes, des barons et des
hommes libres de Bretagne qui leur avaient refusé jusque là » 295 . Ils rencontrent à
nouveau la résistance d’Eudo de Porhoët, qui ne voulait pas lui rendre hommage parce
que, selon Roger de Hoveden, Henri II lui avait prit sa terre avant d’avoir le duché. Le
roi fait alors « entièrement détruire » ses biens jusqu’à sa soumission 296 . En réalité,
Geoffroy étant encore mineur à cette date, Henri II continua à gouverner la Bretagne en
tant que tuteur de Constance, l’héritière du duché qui fut mariée à Geoffroy en 1181.
Selon Judith Everard, la chronologie de l’instauration d’un gouvernement royal en
Bretagne s’étendit de la prise de Nantes en 1158 à 1179, lorsque les Plantagenêt
parvirent à soumettre le Léon. Rennes et la Cornouailles furent intégrées dès 1166,
tandis que le Broërec ne le fut pas avant 1175. Si Henri II et Geoffroy obtinrent de
Guihomar de Léon la reddition de ses châteaux à Pontorson dès 1171, elle doit être
réitérée en 1177, avant de procéder au démembrement de ses possessions en 1179, à la
suite d’une rébellion inaboutie 297 .
En réalité, Henri II se retire définitivement de Bretagne dès 1175, après le traité
de Falaise, comme il le fait en Aquitaine, laissant à ses fils le soin d’affirmer leur propre
autorité. Il conserve néanmoins un contrôle sur le gouvernement de ses fils comme le
294
TORIGNI, II, p. 6 ; EVERARD, J. A., Brittany and the Angevins : Province and Empire, 1158-1203,
2000, p. 46.
295
PETERBOROUGH, I, p. 3: quo preacto ipse et filius suus Gaufridus circuierunt castella Britannie
accipientes fidelitates et obligantias a comitibus et baronibus et libers hominibus Britannie, de quibus
eanea non acceperant.
296
HOVEDEN, II, p. 3: Deinde rex profectis est hostiliter in terram comitis Eudonis et eam fere totam
destruxit et ipsum comitem Eudonem ad deditionem coegit.
297
GUILLOTEL, H., « Les vicomtes de Leon au XIe et XIIe siècles », MSHAB, 51 (1971), p. 7-46:
TORIGNI, II, p.26 : Guihomarcus venit ad eum et reddidit se ei et sua castella ; Ibid., II, p. 71 :
Guihomarus de Leion venit ad dominum regem promittens se de omni terra sua facere voluntatem eius ;
Ibid., II, p. 81 ; EVERARD, J. A., Brittany and the Angevins : Province and Empire, 1158-1203, 2000
cite Materials for the History of Thomas Becket, archbishop of Canterbury (canonized by Pope Alexander
III, A.D. 1173) Vol. VII (Epistles, DXXXI-DCCCVIII.), 1965, p. 485-5, letter n° DCCLVI.
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