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aussi celle d’un essor de la construction de châteaux illégaux. C’est du moins que laisse<br />

entendre la clause 47 de la seconde version de la Magna Carta publiée en 1217 par<br />

Henri III, une clause qui n’est pas dans les Articles des Barons et disparaîtra de la<br />

version de 1225 et qui évoque la destruction des castella adulterina, ces châteaux alors<br />

construits par les barons contre Jean 131 . L’erreur serait de croire que ces termes<br />

désignaient la même réalité qu’en 1153, car s’il y eut peut-être quelques érections<br />

illégales de mottes, « adultérin » désignait plus vraisemblablement les châteaux dont la<br />

garde devait être rendue à la Couronne, plus que d’hypothétiques constructions « non<br />

licenciées ».<br />

Les brefs accompagnant l’application de la charte insistant sur la démolition de<br />

ces châteaux montrent alors l’importance qu’avait cette mesure à cette date pour la<br />

restauration de l’ordre public par le roi 132 . Selon H.J. Lawlor, la disparition de cette<br />

clause dans les versions ultérieures doit être considérée comme une concession royale<br />

en échange des aides accordées par les nobles lors de l’assemblée de Saint-Paul en<br />

1217 133 . La suppression de la clause 47 et l’ajout de la clause 52, restée dans la version<br />

définitive, qui stipule la restitution des châteaux indûment confisqués aux barons,<br />

montre le renversement au final de l’équilibre instable auquel avait conduit la politique<br />

de confiscation et de destruction menée par Jean. Par cette clause, la Magna Carta<br />

érigeait également en principe la sécurité des tenures et mettait ainsi fin à la crise<br />

juridique des conflits d’héritages qu’avait provoqué la conquête de 1066 134 .<br />

La violence excessive avec laquelle Jean s’en prit aux châteaux de ses vassaux<br />

dont il doutait de la fidélité a été mise sur le compte de sa paranoïa, par la plupart de ses<br />

biographes, mais il est également possible de voir dans cet exercice arbitraire de la<br />

potestas regis une manière de compenser une autorité sans doute affaiblie par les<br />

contestations de sa légitimité à la succession au trône d’Angleterre en 1199. Dans la<br />

pensée politique médiévale, la tyrannie se définit en effet par l’exercice de la potestas<br />

sans auctoritas, autrement dit par l’arbitraire de la force à l’encontre de l’autorité des<br />

lois 135 . Cependant, pour Jean de Salisbury l’utilisation de la potestas apparaît justifiée et<br />

131 MCKECHNIE, W. S., Magna Carta a commentary on the great charter <strong>of</strong> King John, 1958, p.176 et<br />

p. 585 : Statuimus etiam, de communi consilio tocius regni nostri, quod omnia castra adulterina, videlicet<br />

ea que a principio guerre mote inter dominum Johannem patrem nostrum et barones suos Anglie<br />

constructa fuerint vel reedificata, statim deruantur.<br />

132 Rot. Lit. Claus. I. 1204-1224, 1833, p. 377.<br />

133 LAWLOR, H. J., « An Unnoticed Charter <strong>of</strong> Henry III, 1217 », E.H.R., 22: 87 (1907), p. 514-518.<br />

134 HOLT, J. C., « Politics and property in early medieval England », Past & Present, 57 (1972), p. 3-52.<br />

135 Jean de Salisbury définit en effet le prince par rapport au tyran en soulignant la seule mais grande<br />

différence qui les distingue: l’un obéit aux lois, l’autre règne arbitrairement ne devant rendre des comptes<br />

qu’à Dieu. JEAN DE SALISBURY, Policraticus. Of the Frivolities <strong>of</strong> Courtiers and the Footprints <strong>of</strong><br />

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