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de croisade du roi, a donné lieu à de multiples comparaisons pour saisir l’influence des
techniques orientales de construction, mais Dominique Pitte nuance largement une telle
interprétation des innovations mises en œuvre au château de la Roche 103 . Ces
considérations ont surtout été le fait des archéologues tandis que des historiens se sont
plutôt intéressés à l’important corpus documentaire qui permet de suivre en détail le
chantier de construction, notamment à partir des comptes de l’Échiquier normand 104 . Si
les dépenses ont été considérables, elles ne doivent cependant pas occulter
l’investissement personnel de Richard, qui séjourne souvent aux Andelys durant ces
années 105 , surveillant l’avancée du chantier qui fonctionne pratiquement en continu
durant ces deux années. Selon Guillaume de Newburgh en effet,
Dans ce lieu, alors que les grands travaux avançaient, on raconte
qu’un événement surnaturel se produisit. Durant le mois de mai (…)
un peu avant les solennités de l’Ascension, le roi pressait
l’avancement du chantier (car il venait souvent pour accélérer son
achèvement et prenait beaucoup de plaisir à observer sa
construction), lorsque soudainement il se mit à pleuvoir de l’eau et du
sang, au plus grand étonnement de tous ceux qui étaient présents aux
côtés du roi. Alors qu’ils remarquaient que leurs vêtements étaient
tachés de vrai sang, ils commencèrent à craindre que cet événement si
inhabituel soit le fait du malin. Mais cela ne détourna pas le roi de
son objectif, ni ne relâcha son attention pour l’avancement des
travaux auxquels il prenait tant de plaisir, à tel point que (sauf si je
me trompe) même si un ange était descendu du ciel pour le persuader
d’abandonner, il n’aurait rencontré qu’une volée d’injures et le
chantier aurait continué comme si de rien n’était. 106
Richard coeur de Lion roi d'Angleterre, duc de Normandie 1157-1199, 2004, p. 243-255; PITTE, D., « La
prise de Château-Gaillard dans les événements de l'année 1204 », dans 1204, la Normandie entre
Plantagenêts et Capétiens, 2007, p. 139-152 ; CORVISIER, C., « Château-Gaillard et son donjon, une
œuvre expérimentale de Richard Cœur de Lion », dans Les Fortifications dans les domaines Plantagenêt,
XIIe-XIVe siècles, 2000, p. 41-54.
103
HÉLIOT, P., « Le Château Gaillard et les forteresses des XIIe et XIIIe siècles en Europe occidentale »,
dans Château Gaillard. Études de castellologie européenne, 1964, p. 53-7, voir aussi PITTE, D.,
« Château-Gaillard et l'archéologie », Connaissance de l'Eure, 89-90 (1993), p. 4-13.
104
MOSS, V., « War, economy and finance in Angevin Normandy 1195-1198 », dans Richard Coeur de
Lion roi d'Angleterre, duc de Normandie 1157-1199, 2004, p. 89-104 ; MOSS, V., « The defense of
Normandy 1193-1198 », dans A.N.S., 2001, p. 145-163.
105
LANDON, L., The Itinerary of King Richard I, with studies on certain matters of interest connected
with his reign, 1935.
106
GUILLAUME DE NEWBURGH, Chronicles of the reigns of Stephen, Henry II, and Richard I, 1884,
II, p. 500. (lib. 5, c. 34) : Sane in loco illo, cum magna illa aedifcatio fieret, rem prodigiosam contigisse
fuerunt. Nam (…) mense Maio paulo ante Dominicae Ascensionis sollemnia, cum rex adesset et opus
urgeret, nam saepius ad disponendum urgendumque opus aderat, et conspectum proficientis operis pro
magna voluptate habebat, repente imber sanguine mixtus descendit, stupendtibus cum ipso rege cunctis
qui aderant: cum et in suis vestibus veri sanguinis guttas conspicerent, et rem tam insolitam malum
portendere formidarent. Verum ex hoc idem rex non est territus, qui minus operi promovendo interderet,
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