Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

Chapitre 5
Itinéraires et résidences :
Les pratiques de l’espace et la
représentation du pouvoir
Les pratiques spatiales des Plantagenêt sont fondamentalement liées à leur
itinérance. Alors qu’à l’époque carolingienne, la cour impériale est relativement fixe,
ses déplacements étant limités à une région ne dépassant pas 10% de la surface de
l’empire 1 , à l’époque féodale, la royauté devient itinérante et son itinérance devient un
mode de gouvernement, les rois transportant avec eux toutes leurs fonctions ainsi que
les représentations symboliques de leur pouvoir 2 . Ce mode de gouvernement ne se
limite pas au Moyen Âge occidental mais se retrouve dans différentes parties du globe à
toutes les époques. Dans la société féodale, la fonction de ces itinérances était
d’actualiser et de renforcer, par la présence du prince, les liens personnels sur lesquels
reposait son pouvoir. Par l’exposition des multiples fonctions représentant l’office
détenu, il s’agissait avant tout de légitimer l’autorité de toute personne exerçant une
forme de domination. De même que le Köningsumritte des Ottoniens, l’itinérance des
royautés féodales s’imposait aux gouvernants dans la mesure où leur potestas découlait
de la reconnaissance de leur auctoritas. Le roi prenait ainsi symboliquement et
concrètement possession de son royaume en s’identifiant, en chacun de ses lieux, au
pouvoir central de la société. Ces migrations étaient aussi adaptées à une organisation de
1 JÉGOU, L., « Les déplacements des "missi dominici", dans l'Empire carolingien de la fin du VIIIe à la
fin du IXe siècle », dans Déplacements de populations et mobilité des personnes au Moyen Âge. Actes du
40e congrès de la SHMESP, à paraître en 2010. Il cite sur ce point : MCKITTERICK, R., Charlemagne.
The formation of a European identity, 2008.
2 BERNHARDT, J. W., Itinerant Kingship and Royal Monasteries in Early Medieval Germany, c. 936-
1075, 1993, p. 45-46.
414