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guidée par un rêve miraculeux, une carrière de calcaire de bonne qualité leur permettant<br />

d’achever la construction de leur monastère (illustration 6. 19) 208 .<br />

L’importation de la pierre de Caen perdure cependant jusqu’à la fin du Moyen<br />

Âge, comme le montrent les sauf-conduits émis par les rois d’Angleterre en faveur des<br />

marchands caennais 209 . Le coût du transport maritime, parce qu’il était moins onéreux<br />

que le transport par voie terrestre, constitue un second facteur permettant de comprendre<br />

comment de telles quantités ont pu circuler entre la Normandie et l’Angleterre. Selon<br />

Louis F. Salzman, à la fin du Moyen Âge, au-delà de 12 miles (près de 20 km), le coût<br />

du transport terrestre devenait équivalent au coût de la pierre elle-même 210 . Cependant<br />

les frais engagés à Vale Royal à la fin du XIII e siècle, comme à Château Gaillard en<br />

1198, montrent qu’un tel approvisionnement nécessitait également d’importants<br />

moyens : il faut en effet £ a 2705 pour transporter des pierres et du bois par nef et bateau<br />

jusqu’aux Andelys 211 . Pour les chantiers littoraux anglais, il pouvait s’avérer rentable<br />

d’importer de la pierre de Normandie que de la faire venir des carrières du centre de<br />

l’Angleterre. La plupart des édifices qui ont utilisé la pierre de Caen se situaient<br />

d’ailleurs dans le sud et l’est de l’Angleterre 212 . On ne peut cependant minimiser le coût<br />

des transports maritimes. L’emploi du calcaire de Caen jusqu’en Irlande, à l’abbaye de<br />

Mellifont (Meath) et à Dunbrody (près de Wexford) 213 et à Durham, dans le nord de<br />

208<br />

Battle Chronicles cité dans MORTET, V. et al., Recueil de textes relatifs à l'histoire de l'architecture<br />

et à la condition des architectes en France, au Moyen âge : XIe-XIIIe siècles, 1995 [1911-1929], p. 194-<br />

198 : denuo quoque illis de loci conquerentibus ino(p)ortunitate, eo quod scilicet, per vicinia latius, uti<br />

per silvestre solum, nusquam ad aedificium apti lapides reperirentur, rex de thesauro suo ad omnia<br />

sufficientiam proponens sumptuum, delegavit etiam naves de proprio, quibus a Cadomensi vico lapidum<br />

copia ad opus propositum transveheretur. Cumque, statutum regis exequentes, aliquantam de Normannia<br />

lapidum portionem advexissent, interim ut fertur matronae cuidam regligiosae revelatum est, quatinus in<br />

designato sibi per visum loco fodientes, ibidem ad opus praemeditatum lapidum invenirent abundantiam.<br />

209<br />

DUJARDIN, L. « Carrières et Pierre en Normandie. Contribution à l’étude historique et archéologique<br />

des carrières de pierre à bâtir à Caen et en Normandie aux époques médiévales et modernes », Thèse de<br />

doctorat soutenue à l'<strong>Université</strong> de Caen, 1998, non publiée, p. 255 et suiv ; DUJARDIN, L. « Le<br />

commerce de la pierre de Caen », dans La Normandie dans l’économie européenne, ARNOUX, M. et<br />

FLAMBARD-HERICHER, A.-M. (dir.), à paraître.<br />

210<br />

SALZMAN, L. F., Building in England down to 1540. A Documentary History, 1967, p. 349-354;<br />

MRSN, II, p. 310 : quariatoribus qui trahebant petram de quareliis. Le transport des pierres pouvait en<br />

effet se révéler très onéreux comme le signale un extrait des comptes de l’Echiquier de Normandie relatif<br />

au chantier de Château-Gaillard : en 1198, le paiement des carriers (quariatori) pour apporter de la pierre<br />

de taille aux Andelys s’élève à £ a 2600 5s. 6d. Ce montait incluait vraisemblablement le prix de la pierre<br />

elle-même, bien que cela ne soit pas spécifié.<br />

211 a<br />

MRSN, II, p. 309-310 : £ 1700 in navibus et batelle qui aportabant maremium et petram ; £1004<br />

portatoribus maremiorum et quarellorum taillatorum.<br />

212<br />

TATTON-BROWN, T., « La pierre de Caen en Angleterre », dans L'architecture normande au Moyen<br />

âge, 2001, p. 305-314.<br />

213<br />

JOPE, E. M., « The Saxon building stone industry in South and Midland England », Medieval<br />

Archaeology, 8 (1964), p. 91-118.<br />

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