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d’Isembert s’était forgée, quelques années auparavant, sur sa capacité à trouver des
solutions pour financer l’œuvre du pont Saint-Sauveur à La Rochelle (illustration 3.15).
Dans un document de la commanderie des Templiers de La Rochelle datant de
1207, maître Isembert apparaît en effet comme l’instigateur de l’œuvre du pont construit
grâce aux dons des bourgeois aux frères de l’aumônerie et à la participation des frères
du Temple 213 . Ces deux institutions se partageaient alors la possession du pont et des
maisons que maître Isembert y avait fait construire, et dont les rentes devaient servir à
son entretien. Cette méthode était souvent utilisée là où les ponts de pierres étaient
devenus la norme. Dans le document, l’aumônerie, qui tenait ses possessions d’une
donation de maître Isembert, apparaît très endettée vis-à-vis des Templiers, à qui elle
propose alors de partager ses revenus, mais aussi ses dépenses liées à l’entretien du
pont 214 . Selon Marjorie Boyer, cet exemple témoigne une fois de plus de l’incapacité
des charités à supporter, seules, ces vastes chantiers qu’étaient les ponts de pierre 215 . Cet
échec n’avait cependant pas encore eu lieu lorsque Jean, dans une lettre adressée aux
Londoniens, leur propose de faire venir le maître des écoles de Saintes pour qu’ils
disposent de son savoir-faire (per eius industriam faciente) et de son expérience du
système de financement des œuvres de pont.
Nous voulons et concédons, selon notre droit et pour conserver
exemptes de taxe les maisons des citoyens de Londres, que les rentes
et les profits des constructions que le maître des écoles devra
construire sur ce pont, soient utilisés pour sa complète reconstruction
et l’entretien perpétuel du pont. 216
En 1205, à la mort de Pierre de Colechurch, les travaux étaient encore inachevés,
mais une chapelle dédiée à saint Thomas Becket avait été construite au centre, rappelant
213 DE RICHEMOND, L. M., « Chartes de la commanderie magistrale du temps de la Rochelle (1139-
1268) », Archives historiques de la Saintonge et de l'Aunis, 1 (1874), p. 21-50, document IX (p. 35-36) :
tunc temporis priorem et Fratres domus helemosinarie de Rochelle ex una parte et Fratres Templi de
Rochella ex altera, gravis esset duitius controversia agitata super pontem de Rochella et aliis edificiis
que ad ipsum pontem pertinebant, dictis priore et fratribus de donatione Isemberti bone memorie
Magistri scolarum Xantonensis ipsum possidentibus…
214 Ibid., document IX (p. 35-36) : Les frères du Temple veulent et concèdent que les 60 premières livres
poitevines que le prieur et les frères de la maison de l’aumônerie tirent des revenus du pont et de ses
maisons, soient rendues pour couvrir la dette qu’ils doivent au maître des écoles vis-à-vis duquel ils ont
de nombreuses obligations (Voluerunt et concesserunt fratres templi de Rochella ut prime LX libre
pictavenses que de reddibitus eiusdem pontis et edificiorum exirent, Priori et Fratribus domus
helemosinarie redderentur, ad debita persolvenda quibus pro magristro scolarum jam dicto erant
plurimum obligati).
215 BOYER, M. N., Medieval French Bridges. A History. 1976, p. 57-58
216 Rot. Lit. Pat., p. 9: Et illo volumus et concedimus quod salvo jure nostro et conservata indempnitate
civitatis Londoniensi census edificiorum que super pontem predictum idem magistrum scolarium faciet
feci, sint inperpetuum ad eundem pontem rediciendum et operiendum et sustentandum.
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