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font de Westminster un véritable « palais d’État » 132 . Itinérance et polarisation, voire
centralisation, se combinent donc au sein de l’empire sans que la modernisation de la
monarchie anglaise ait pour effet de sédentariser la royauté.
Cette cartographie des cours solennelles traduit donc bien l’idée qu’il n’y avait
pas de centre dans l’empire Plantagenêt en dehors de la personne du roi. Henri II et ses
fils ne partent d’aucun point spécifique et leur itinérance n’a pas d’autre but qu’elle-
même 133 . En ce sens, l’itinérance des Plantagenêt a moins été un voyage qu’une errance.
Les lieux visités n’avaient pas tous la même valeur symbolique, certains ayant vocation
plus que d’autres à accueillir la mise en scène du pouvoir. Dans quelle mesure la
théâtralisation du pouvoir et de sa représentation accompagne-t-elle une transformation
des modes de gouvernement où l’itinérance cesse d’être le seul mode de gouvernement,
en même temps qu’elle cesse d’être le seul moyen d’obtenir la reconnaissance de
l’autorité publique.
1.3.2- L’essor du cérémonial de cour et de la majesté royale
Parce que l’itinérance impliquait un mode de vie reposant a minima sur
l’économie du paraître, la mise en scène du pouvoir et les cérémonies de représentation
de la royauté ne pouvaient être un mode de gouvernement permanent, comme cela
deviendra progressivement le cas avec l’essor des « sociétés de cour » 134 . Cependant, si
le pouvoir n’est pas en perpétuelle représentation, il doit néanmoins être visible et se
manifester de temps à autre pour activer et réactiver les représentations que la société se
fait de ce pouvoir. Les dernières décennies du XII e siècle ont été un moment essentiel
dans la gestation de cette nouvelle manière de gouverner, marquée par une redéfinition
132 SABATIER, G., « Le palais d'Etat en Europe, de la Renaissance au Grand Siècle », dans Palais et
pouvoir de Constantinople à Versailles, 2003, p. 81-107 cité par GENET, J.-P., « Londres est-elle une
capitale ? », dans Les villes capitales au Moyen Âge. XXXVIe Congrès de la Société des Historiens
Médiévistes de l’Enseignement Supérieur, 2006, p. 155-184.
133 On peut rapprocher l’itinérance des Plantagenêt à celle des empereurs allemands ou celle des papes des
XIIe et XIIIe siècle, qui sont sans cesse en déplacement pour parcourir les territoires soumis à leur
domination. Selon Pierre-Yves Le Pogam en effet, « la stabilité de la résidence avec laquelle l’imaginaire
contemporain a associé si fortement le pape (…) était inconnue du Moyen Âge ». LE POGAM, P. Y., De
la «cité de dieu» au «palais du pape» : les résidences pontificales dans la seconde moitié du XIIIe siècle
(1254-1304), 2005, p. 2.
134 ELIAS, N., La société de cour, 1985; CHARTIER, R., « Pouvoirs et limites de la représentation.
Marin, le discours et l'image », dans Au bord de la falaise. L'histoire entre certitudes et inquiétude, 1998,
p. 173-190; MARIN, L., Le portrait du roi, 1981.
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