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supérieure patriarcale à une domination supérieure, au moins ponctuellement et
potentiellement plus directe, bureaucratique et interventionniste » 198 . Ce glissement
s’inscrit dans un contexte d’intervention croissante des Gallois dans les conflits de la fin
du règne de Jean. Si les Gallois avaient constitué de simples groupes de pression lors
des précédents conflits, leur intervention plus directe dans la révolte de 1215 et leur
apparition dans les Articles des Barons et la Magna Carta les fait irrémédiablement
entrer dans le système féodal de la monarchie anglaise 199 . Si la conquête par Henri II
puis par ses fils constituait donc, en même temps qu’une conquête militaire, l’amorce
d’un processus d’intégration à la culture féodale occidentale, à ses codes et à ses règles,
paradoxalement, la définition à la fois culturelle et plus conventionnelle des frontières
contribua à donner aux Gallois une conscience accrue d’eux-mêmes et de leur
identité 200 .
Proportionnellement à l’ensemble des travaux des Plantagenêt, la politique de
constructions en Pays de Galles a été relativement peu importante concernant chaque
site, mais de nombreuses places ont été concernées (Carte 4.21 et 4.3). Il ne faut
cependant pas oublier que les revenus de l’Échiquier ne permettent pas d’englober
l’ensemble des dépenses de construction. La fréquence des raids suggère qu’il devait y
avoir de nombreuses prises qui étaient sans doute immédiatement réinvesties sans
passer par le Trésor royal. Au final, les pipe rolls montrent néanmoins que les
principaux bénéficiaires de cette politique ont été les châteaux royaux, si l’on compte
Hereford et Bridgnorth qui sont confisqués dès 1155 et qui restent dans les domaines de
la Couronne tout au long de la période. La politique de confiscation poursuivie par
Henri II et Jean permet toutefois au pouvoir royal de s’imposer d’abord face aux barons
des marches, puis face aux princes gallois eux-mêmes. La cartographie des saisies et des
conquêtes permet en effet de voir non seulement la plus forte pénétration opérée en Pays
de Galles sous le règne de Jean, mais également la mainmise du pouvoir royal sur des
forteresses baronniales, souvent les mêmes au cours des deux règnes. La marche
galloise a donc été un véritable front de conquête mené tout au long de la période par les
198
DAVIES, R. R., « Keeping the native order: the English king and the ‘Celtic’ rulers 1066-1216 »,
Peritia. Journal of the Medieval Academy of Ireland, 10 (1996), p. 212-224, esp p. 223: a shift froma
patriarchal overlordship to what was at least occasionally and potentially a more direct, bureaucratique
and interventionst overlordship”; voir aussi CLANCHY, M. T., « Literacy, law and the power of the
state », dans Culture et idéologie dans la genèse de l'Etat moderne, 1985, p. 25-34.
199
SMITH, J. B., « Magna Carta and the charters of the Welsh princes », E.H.R., 99: 391 (1984), p. 344-
362.
200
DAVIES, R. R., « Presidential address : the peoples of Britain and Ireland 1100-1400. II. Names,
boundaries and regnal solidarities », T.R.H.S., 5 (1995), p. 1-20
362