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Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

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Le rôle des pratiques successorales dans la construction territoriale de l’empire<br />

La question des pratiques successorales et de leur transgression est en effet<br />

essentielle pour comprendre comment l’empire des Plantagenêt a pu exister dans toute<br />

son unité entre 1154 et 1204. Contrairement à Sir James Holt qui considérait l’empire<br />

Plantagenêt du point de vue de son agonie, surtout comme « le résultat d’une<br />

combinaison pr<strong>of</strong>ane de l’avidité de ces princes et d’un accident généalogique » 48 , on<br />

peut considérer à l’instar de John Gillingham, C. Warren Hollister et Thomas K. Keefe,<br />

qui l’appréhendaient dans une plus large pr<strong>of</strong>ondeur historique remontant à<br />

l’impérialisme angevin de Foulque V au XI e siècle, qu’il résultait aussi d’un long<br />

processus mêlant à la fois politique de conquêtes territoriales et alliances<br />

matrimoniales 49 .<br />

À partir des années 1160, lorsque Henri II élabore un schéma de répartition des<br />

territoires entre ses fils, selon les règles de succession fondées sur le parage (répartition<br />

des terres entre les héritiers mâles), alors en vigueur dans l’ouest de la France 50 , il<br />

enclenche un processus contradictoire qui porte à la fois les principes de son unification<br />

et les sources de sa division. L’aîné, Henri le Jeune reçoit l’héritage paternel, le<br />

royaume d’Angleterre et le duché de Normandie, Richard obtient le duché d’Aquitaine,<br />

héritage de sa mère, tandis que Ge<strong>of</strong>froy reçoit la Bretagne, par son union promise avec<br />

Constance, la fille du duc Conan IV 51 . En 1167, la naissance de Jean « sans terre » vient<br />

remettre en question ce partage et incite Henri II à obtenir du pape la bulle Laudabiliter<br />

en 1171 pour conquérir l’Irlande afin de doter son dernier fils. Cependant, afin d’éviter<br />

le morcellement de l’empire après sa mort, Henri II ajuste la coutume du parage, en<br />

donnant à son fils aîné une autorité supérieure sur tous ses frères, qui doivent<br />

individuellement lui rendre l’hommage féodal. La cohésion de cet espace était ainsi<br />

théoriquement maintenue par les principes d’organisation successorale, fondés sur une<br />

primogéniture partielle et sur les liens de fidélité féodo-vassaliques.<br />

48<br />

HOLT, J. C., « The end <strong>of</strong> the Anglo-Norman realm », Proceeding <strong>of</strong> the British Academy, 61 (1975),<br />

p. 223-265 (p. 239-240).<br />

49<br />

GILLINGHAM, J., The Angevin empire, 1984; HOLLISTER, C. W. et KEEFE, T. K., « The Making <strong>of</strong><br />

the Angevin Empire », The Journal <strong>of</strong> British Studies, 12: 2 (1973), p. 1-25, voir aussi MADELINE, F.,<br />

« L’empire des Plantagenêt : espace féodal et construction territoriale », Hypothèses 2007. Travaux de<br />

l'Ecole doctorale de <strong>Paris</strong> 1 <strong>Panthéon</strong>-<strong>Sorbonne</strong> (2008), p. 239-252.<br />

50<br />

C’est ainsique que s’était effectué le partage de l’Angleterre et de la Normandie entre les fils de<br />

Guillaume le Conquérant, en 1086, et de l’Anjou et de la Normandie en 1151, à la mort de Ge<strong>of</strong>froy le<br />

Bel.<br />

51<br />

Une opposition partagée par tous les historiens, voir notamment HOLT, J. C., « The end <strong>of</strong> the Anglo-<br />

Norman realm », Proceeding <strong>of</strong> the British Academy, 61 (1975), p. 223-265 qui discute de ces différentes<br />

règles de succession.<br />

430

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