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1164 indique selon toute vraisemblance la date initiale de l’installation de la
communauté 270 .
Le rôle des monastères comme pôle de sociabilité pour l’aristocratie d’une
région, notamment par l’intermédiaire du don, est aujourd’hui bien connu 271 . Dans une
étude récente, Laurent Ripart propose une réinterprétation du processus spatialisation
des pouvoirs laïcs et notamment des châtelains en insistant sur la notion de lieu qui
recouvrait non seulement les châteaux mais aussi les lieux sacrés : « De la même
manière que les fidèles et les redevances paroissiales s’organisaient autour des loca
sancta, les sujets et les redevances de la seigneurie banale tendaient à se polariser autour
des loca dominica… C’est de même autour de leurs loca que les domini organisèrent
leur vassalité, liant les chasements qu’ils accordaient à leurs milites castri aux tours de
garde qu’ils devaient effectuer dans leurs châteaux. C’est enfin à partir de ces loca que
les princes organisèrent leurs réseaux de dépendances tout entier pensé en termes de
contrôle des castra » 272 . L’installation de communautés religieuses permettait ainsi au
roi de trouver une alternative pour contrôler un espace, dans lequel les castra lui
échappaient partiellement. En patronnant de nouvelles communautés, les Plantagenêt
espéraient sans doute faire concurrence aux fondations baronniales en s’insérant dans le
réseau des élites locales par le biais des donations 273 .
La fondation, en 1167, d’un prieuré de chanoinesses à Moxby, au cœur du
Yorkshire, non loin de la forêt royale de Pickering s’inscrit dans cette lignée de
fondations installées dans les espaces où le pouvoir territorial du roi était le moins
assuré 274 . Dans les années qui suivirent son accession, Henri II chercha en effet à
rétablir son autorité sur les terres de l’honneur de Guillaume le Gros, comte d’Aumale,
270 HALLAM, E. M., « Henry II as a founder of monasteries », Journal of Ecclesiastical History, 28: 2
(1977), p. 113-132; PR 10 H.II., p. 22: et canonicorum de Shimperingeham £8 10s. in Hibaldesto nostro.
271 MAGNANI SOARES-CHRISTEN, E., Monastères et aristocratie en Provence, milieu Xe-début XIIe
siècle, 1999, p. 427-485; ROSENWEIN, B. H., To be the Neighbor of Saint Peter. The Social Meaning of
Cluny's Property, 909-1049, 1989; MAZEL, F., La noblesse et l'Église en Provence, fin Xe-début XIVe
siècle, 2002.
272 LAUWERS, M. et RIPART, L., « Représentation et gestion de l’espace dans l’Occident médiéval »,
dans Rome et la genèse de l’État moderne : une comparaison typologique, 2007, p. 115-171 cite
BARTHÉLEMY, D., La société dans le comté de Vendôme de l'an mil au XIVe siècle, 1993; DÉBAX, H.,
La féodalité languedocienne, 2003.
273 COWNIE, E., « Religious patronage and lordship: the debat on the nature of the honor », dans Family
Trees and the Roots of Politics. The Prosopography of Britain and France from the Tenth to the Tweltfh
Century, 1997, p. 133-146; COWNIE, E., Religious patronage in Anglo-Norman England, 1066-1135,
1999.
274 KNOWLES, D. et HADCOCK, R. N., Medieval Religious Houses : England and Wales, 1971, p. 262
cite DUGDALE, W. et DODSWORTH, R., Monasticon Anglicanum: or, the history of the ancient
abbies, and other monasteries, hospitals, cathedral and collegiate churches in England and Wales, 1846,
II, p. 98.
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