Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

courtisan, ses origines, ses réseaux sociaux, ses mœurs, sa piété, ses pratiques littéraires,
tout ce qui constituait en somme la curialitas est désormais mieux connu. L’image de la
cour des Plantagenêt apparaît alors contrastée : un coté lumineux d’une part, porté par
son rayonnement culturel et artistique et l’essor de la littérature courtoise, mais
également une face obscure assombrie par la violence de la corruption, de la
concurrence, de la vénalité, du clientélisme, etc. qui faisaient aussi de cette réalité
sociale un monde infernal 7 .
Parallèlement, s’est développé un autre courant, insistant davantage sur la
culture matérielle et le contexte architectural dans lequel évoluait la cour. Plutôt que par
l’analyse des sources littéraires, cette tendance a essentiellement été portée par les
découvertes de l’archéologie palatiale et l’étude des comptabilités 8 . Comment la cour
était-elle administrée au quotidien ? Cette question à laquelle les historiens des
Capétiens ne pourront pas répondre avant la fin du XIII e siècle, constitue en revanche un
aspect que les pipe rolls permettent d’appréhender dès le règne d’Henri II Plantagenêt.
Les ordres des dépenses pour le ravitaillement des résidences, l’approvisionnement de la
cuisine du roi, le transport des membres de la cour constituent en effet autant d’éléments
consignés dans les registres de l’Échiquier. Cette gestion, que l’itinérance de la cour
complexifiait, imposait une certaine anticipation des déplacements royaux. C’est dans le
prolongement de ces travaux sur le phénomène curial que se situe ce chapitre consacré à
l’itinérance et aux choix résidentiels des Plantagenêt. L’analyse des cadres résidentiels
et de leurs fonctions domestiques, politiques et religieuses ainsi que leur mise en œuvre
a été menée à partir de la problématique de l’organisation spatiale impliquée par leur
itinérance.
Etudier les itinéraires et les résidences des Plantagenêt suppose ainsi d’articuler,
sans les confondre, deux aspects de la pratique de l’espace : la mobilité (les
déplacements) et la fixité (les résidences). Dans un premier temps l’enjeu territorial des
de Cerisy-la-Salle (4-7 octobre 2001), 2003, p. 75-88 ; VINCENT, N., « King Henry II and the
Poitevins », dans La cour Plantagenêt, 1154-1204, 2000, p. 103-135.
7 TÜRK, E., Nugae curialium : Le règne d'Henri II Plantegenêt ( 1145-1189) et l'éthique politique, 1977 ;
VINCENT, N., « The Court of Henry II », dans Henry II: New Interpretations, 2007, p.278-334.
8 RENOUX, A., Le Palais des ducs de Normandie à Fécamp : bilan récent des fouilles en cours, 1982;
RENOUX, A. (éd.), Palais royaux et princiers au Moyen âge : actes du colloque international tenu au
Mans les 6-7 et 8 octobre 1994, 1996; RENOUX, A. (éd.), Aux marches du palais : qu'est-ce-qu'un palais
médiéval ? : données historiques et archéologiques : actes du VIIe Congrès international d'archéologie
médiévale, Le Mans-Mayenne, 9-11 septembre 1999, 2001; RENOUX, A., « Palais, cours et résidences »,
dans Les tendances actuelles de l'histoire du Moyen Âge en France et en Allemagne, 2003, p. 351-356;
BAUDRY, M.-P., « Les fortifications des Plantagenêt à Thouars », dans La cour Plantagenêt, 1154-1204,
2000, p. 297-314 ; CHAPELOT, J. (éd.), Vincennes aux origines de l'état moderne, 1996.
416