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Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

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Si ces occurrences sont surtout confinées aux quelques textes de théorie<br />

politique influencés par la culture latine et le droit romain, le lien entre les réflexions<br />

érudites et les considérations pratiques du pouvoir n’apparaissent pas toujours avec<br />

évidence, car la rhétorique du bien commun comme mode de justification ne se déploie<br />

pas dans les sources qui concernent les pratiques de gouvernement des Plantagenêt.<br />

Certes, l’existence d’un espace « public » est encore quelque chose qui reste largement<br />

à construire au XII e siècle, mais l’absence d’un langage revendiqué de l’utilité publique<br />

par opposition aux intérêts privés doit-elle pour autant interdire de parler de certaines<br />

pratiques en ces termes ? 9 Pour que le langage de ces catégories juridiques devienne<br />

audible, encore faudrait-il que les pratiques de pouvoir qu’il décrit soient codifiées et<br />

inscrites dans la norme. Or, la principale difficulté provient justement du fait de poser<br />

une définition claire et précise de ce que seraient les travaux « d’utilité publique » au<br />

XII e siècle. La délimitation des sphères du public et du privé sont non seulement très<br />

floues mais également très fluides si bien que les interventions royales se situent la<br />

plupart du temps dans une zone d’indistinction entre ce qui apparaît être ses intérêts<br />

privés et l’utilité de tous, entre patronage et exercice de l’autorité. Ainsi, chercher à<br />

tracer les contours d’un espace d’intervention lié à l’action royale en tant que garante de<br />

la paix et du bien commun, consisterait à dessiner un espace d’intervention largement<br />

fictif dans la mesure où les constructions royales ne cessent jamais d’être en même<br />

temps des œuvres patrimoniales. Si le travail que Cyril T. Flower a produit pour<br />

l’Angleterre reste d’une grande utilité, nous chercherons davantage à mettre en évidence<br />

le caractère fondamentalement ambigu de la notion d’utilité publique, refusant de<br />

catégoriser sous cette étiquette un type de travaux déterminé anachroniquement 10 . C’est<br />

donc à partir de situations concrètes dans lesquelles se jouent des rapports de pouvoir<br />

spécifiques que doivent se chercher les pratiques de construction d’utilité commune.<br />

Pour déterminer la qualité « publique » des constructions mises en œuvre par le roi ou<br />

des « lieux » spécifiques sur lesquels il intervient 11 , il convient de se demander dans<br />

9 Voir notamment le plaidoyer pour un usage de l’anachronisme « volontaire et contrôlé » de la notion d’<br />

« espace public » de BOUCHERON, Patrick. « Au risque de l’anachronisme. Introduction à la deuxième<br />

journée du programme ‘l’espace public au Moyen Âge’ » (31 mai 2005), .<br />

10 FLOWER, C. T., Public works in mediaeval law, 1923. En France, les juristes continuent d’utiliser le<br />

terme de public sans réelle historicisation. Voir notamment LEYTE, G., Domaine et domanialité publique<br />

dans la France médiévale, XIIe-XVe siècles, 1996.<br />

11 BOUCHERON, P., « Politisation et dépolitisation d’un lieu commun. Remarques sur la notion de “bien<br />

commun” dans les villes d’Italie centro-septentrionales entre commune et seigneurie », dans De Bono<br />

Communi. Discours et pratique du bien commun dans les villes d'Europe occidentale (XIIIe -XVIe s.), à<br />

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