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favorisant des recompositions territoriales dans le sens d’une extension au dépend des
domaines ducaux, notamment dans le cas de la seigneurie de Vitré 310 . Le support des
seigneurs de Vitré au gouvernement des Plantagenêt leur permet en effet de faire
d’importantes acquisitions, aux dépends de leurs vassaux, comme c’est le cas de La
Guerche, tenus par des seigneurs réfractaires, et que les mercenaire du roi détruisirent
en 1173 311 . L’annexion du duché au sein de l’empire d’Henri II, en 1166, modifia donc
moins les stratégies des seigneurs des marches bretonnes qui étaient déjà largement
insérées dans l’espace anglo-normand, par les possessions qu’ils détenaient soit en
Normandie soit en Angleterre depuis la conquête 312 , qu’elle ne reconfigura leurs
stratégies territoriales en les insérant dans une plus large échelle. Après 1166, les
seigneurs bretons possessionnés outre manche, qui pouvaient jouer de leur multiples
appartenances, dépendaient désormais de la domination unique d’Henri II qui usa des
règles du droit faisant de la confiscation des terres anglo-normandes un véritable mode
de sanction 313 . Judith Everard fait d’ailleurs remarquer que ce sont les seigneurs
possessionnés en Angleterre qui ont bien été les principales cibles des campagnes
qu’Henri II mena en Bretagne et notamment en 1168 : Bécherel, Dinan, Fougères et
Tinténiac, dont les terres anglaises furent également confisquées. En revanche, les
Plantagenêt n’avaient aucun moyen de pression si ce n’est l’affrontement militaire, qui
impliquait une longue expédition à travers la péninsule, sur les seigneurs de Léon. Si
l’histoire du Léon ne fut qu’une succession d’oppositions au gouvernement des
Plantagenêt, c’est cependant moins à cause de leur éloignement géographique que du
manque de moyens de coercition aux mains des Plantagenêt pour imposer leur
pouvoir 314 .
310 BRAND'HONNEUR, M., « Seigneurs et réseaux de chevaliers du nord est Rennais sous Henri II
Plantagenêt », dans Noblesses de l'espace Plantagenêt, 1154-1224, 2001, p. 165-184, en particulier p.
174-78 : en tout et pour tout, la seigneurie de Vitré passa d’un réseau d’environ 22 manoirs à motte à plus
d’une cinquantaine entre 1161 et 1173.
311 TORIGNI, II, p. 46 : Siquidem Brebenzones regis destruxerant castrum Quircae, sicuta antea
pressumdederant Fulgerias et ceteras munitiones Radulfi.
312 BRAND'HONNEUR, M., « Seigneurs et réseaux de chevaliers du Nord-Est rennais sous Henri II
Plantagenêt », dans Noblesses de l'espace Plantagenêt, 1154-1224, 2001, p. 165-184; VINCENT, N.,
« Twyford under the Breton 1066-1250 », Nottingham Medieval Studies, 41 (1997), p. 80-99 cite les
manoirs anglais de Raoul II de Fougères, confisqués en 1164 et 1173 : Twyford, Osmundiston, Ipplpen et
West Kington et celles des seigneurs de Viré.
313 EVERARD, J. A., « Lands and loyalties in Plantagenet Brittany », dans Noblesses de l'espace
Plantagenêt, 1154-1224, 2001, p. 185-197. Les confiscations les privaient en effet non seulement de
ressources matérielles mais également de terres pour conclure des alliances matrimoniales et ainsi
renforcer leurs réseaux.
314 Ibid.; GUILLOTEL, H., « Les vicomtes de Leon au XIe et XIIe siècles », MSHAB, 51 (1971), p. 7-46.
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