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Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne - Index of - Free

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Fondé sur l’acclamation populaire, le « bain de foule » est sans doute l’un des<br />

rituels politiques les plus pérennes de la mise en scène du pouvoir 155 . Dans cette scène,<br />

les acclamations sont accompagnées de chansons composées pour accueillir le nouveau<br />

roi, à l’instar des laudes regiae qui ponctuent les cérémonies de couronnement des rois<br />

anglais à partir du milieu du XII e siècle 156 . Ernst Kantorowicz a démontré la dimension<br />

singulièrement politique des laudes regiae du couronnement en Angleterre, qui<br />

contrairement aux laudes chantées en France, n’ont jamais été assimilées à des<br />

acclamations épiscopales 157 . Ernst Kantorowicz explique cette spécificité politique des<br />

laudes de couronnement anglaises en retraçant leur filiation avec les laudes normandes<br />

qui contenaient une acclamation individuelle adressée au duc, exprimant ainsi son statut<br />

particulier de quasi souverain dans son duché 158 . Les récits du couronnement de<br />

Richard, ainsi que de son intronisation comme duc de Normandie, insistent en effet sur<br />

la splendeur du cérémonial, ainsi que sur les chants accompagnant la procession du<br />

palais royal de Westminster jusqu’à l’abbaye 159 . C’est d’ailleurs le roi lui-même qui<br />

paie les chanteurs comme le montrent plusieurs mentions dans les pipe rolls, mentions<br />

dont le nombre s’accroît à partir du règne de Jean 160 . Le développement des laudes de<br />

couronnement anglaises, qui étaient « essentiellement l’expression d’un cérémonial<br />

d’état » s’inscrit donc clairement dans la tendance croissante et de plus en plus formelle<br />

et protocolaire que prennent les cérémonies de cour à la fin du XII e siècle.<br />

Le récit du premier couronnement de Richard par Roger de Hoveden, qu’il<br />

intitule « ici commence l’ordo du couronnement de Richard roi d’Angleterre » 161 , inclut<br />

155<br />

Sur ce point, voir notamment MARIOT, N., Bains de foule. Les voyages présidentiels en province,<br />

1888-2002, 2006.<br />

156<br />

GILLINGHAM, J., Richard I, 1999, p. 106-107 retranscrit et traduit les vers d’une chanson anonyme à<br />

partir du recueil de Music for the Lion-hearted King. Music to mark the 800th Anniversary <strong>of</strong> the<br />

Coronation <strong>of</strong> Richard I <strong>of</strong> England, Gothic Voices, dir. Christopher Page (Hyperion CDA66336, 1989).<br />

157<br />

KANTOROWICZ, E. H., Laudes Regiae. Une étude des acclamations liturgiques et du culte du<br />

souverain au Moyen Âge, 2004, p. 274 : d’après les sources liturgiques, les laudes apparaissent en rapport<br />

avec un couronnement remontant au XII e s. peut être celui de 1154.<br />

158<br />

Ibid., voir le chapitre p. 269-280.<br />

159<br />

HOVEDEN, III, p. 9 : cum ordinatat processione et cantu glorioso ; KANTOROWICZ, E. H., Laudes<br />

Regiae. Une étude des acclamations liturgiques et du culte du souverain au Moyen Âge, 2004.<br />

160<br />

PR 34 H.II, p. 19 : 25s. clerici qui cantaverunt christus vincit die Pentesocste ante regem ; Rotuli de<br />

Liberate ac de misis et praestitis regnante Johannes, HARDY, T. D. (éd.), 1844, p. 25 et 93, cité par<br />

KANTOROWICZ, E. H., Laudes Regiae. Une étude des acclamations liturgiques et du culte du<br />

souverain au Moyen Âge, 2004, p. 276.<br />

161<br />

HOVEDEN, III, p. 9 : Incipit ordo coronationis Richardi Regis Angliae ; voir aussi<br />

PETERBOROUGH, II, p. 80-84 ; FOREVILLE, R., « Le sacre des rois anglo-normands et angevins et le<br />

serment du sacre (XIe-XIIème siècle)" A.N.S., 1979, p. 49-62 revient sur les arguments de<br />

RICHARDSON, H. G., « The Coronation in Medieval England. The Evolution <strong>of</strong> the Office and the Oath<br />

», Traditio, 16 (1960), p. 111-202. Sur le lien entre les rituels de couronnement et d’adoubement voir<br />

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