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été de même pour le duché de Bretagne, qu’Henri II parvient à annexer et intégrer dans
la configuration patrimoniale de son empire.
2.2.2- L’éphémère marche bretonne : espace tampon ou tête de pont ?
Les interventions des Plantagenêt en Bretagne ont une fonction de délimitation
des frontières de l’empire seulement entre 1158 et 1166. Si l’annexion du duché en
1166, à la suite de la défaite et de l’abdication forcée de Conan IV repoussait
théoriquement les frontières de l’empire jusqu’à l’océan, la marche de Bretagne resta
néanmoins un enjeu tout au long de la période. Selon Judith Everard, il est difficile de
parler de « conquête » de la Bretagne comme on peut parler de conquête de l’Irlande,
dans la mesure où les ducs de Bretagne étaient non seulement déjà intégrés au système
féodal occidental, à l’instar des comtes de Toulouse, mais également soumis à la
domination directe d’Henri II pour ce qui concerne leurs possessions anglaises (voir
chapitre 2). Plusieurs chartes montrent Conan IV attestant à la cour d’Henri II 327 . La
domination angevine en Bretagne n’a donc pas instauré un changement radical, mais
s’inscrit plutôt dans les rapports de longue durée entre le duché et ses voisins.
Les Plantagenêt prennent pieds dans le duché dès 1156, lorsque Geoffroy
Plantagenêt, est appelé par les Nantais pour remplacer leur comte, Hoël, qu’ils venaient
de déposer. À sa mort, deux ans plus tard, Henri II vient réclamer son héritage à
Conan IV qui s’était emparé de la ville 328 . À cette date, Henri II n’agit qu’en tant que
sénéchal de France, un titre que Louis VII lui donna pour mater les Bretons 329 . Henri II
obtient sans mal la reddition de la ville ainsi que la reconnaissance de ses droits sur
Nantes et le comitatus Medie contre 60 livres angevines 330 .
En 1162, Henri II saisit l’occasion de la mort de Jean de Dol pour faire
progresser son influence dans la marche septentrionale de la Bretagne (fig. 1).
Contrairement à Nantes, l’annexion de la seigneurie de Dol-Combourg s’effectua sur le
mode de la confiscation féodale, car elle permettait davantage à Henri II d’y affirmer sa
domination seigneuriale et de renforcer l’insertion de cette seigneurie dans l’espace
impérial. Il nomme alors Étienne, fils de Geoffroy de Boterel, vicarius et custos de cette
327
EVERARD, J. A., Brittany and the Angevins : Province and Empire, 1158-1203, 2000, p. 35.
328
Ibid., p. 32-33, 38.
329
GERVAIS DE CANTORBERY, The Historical Works, 1965 [1880], p. 166: rex Anglia a Rege
Francorum Christianissimo viro tamen nimis simplici, optinuit ut quasi senescallus regis Francorum
intraret Britanniam…; WARREN, W. L., Henry II, 2000, p. 76-77.
330
TORIGNI, I, p. 312.
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